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Le “nettoyage social” de Paris avant les JO 2024 en chiffres

Un collectif d'associations publie un rapport édifiant sur les expulsions massives de personnes précaires en amont des JO de Paris 2024. Découvrez l'ampleur de ce "nettoyage social" dénoncé par les ONG et les chiffres chocs de ces déplacements forcés à travers la France...

À un peu plus d’un an des Jeux olympiques de Paris 2024, un rapport publié par un collectif d’associations met en lumière l’ampleur inquiétante des expulsions de personnes sans-abri et migrantes en Île-de-France. Baptisé “Le revers de la médaille”, ce document dénonce un véritable “nettoyage social” à l’approche de ce rendez-vous planétaire. Des chiffres édifiants qui soulèvent l’indignation des ONG.

12 545 personnes expulsées en un an

Selon le rapport, 12 545 personnes ont été expulsées de leur campement de fortune entre mai 2023 et mai 2024, lors de 138 opérations menées par les forces de l’ordre en Île-de-France. Un chiffre en hausse de 38,5% par rapport à la période 2021-2022. Parmi elles, 5200 ont ensuite été “exfiltrées” vers d’autres régions, souvent sans que les moyens d’accueil ne soient adaptés sur place.

Pendant les JO, on réfléchit à mener des actions pour rendre visibles nos revendications. Des actions qui seront non violentes. Mais c’est certain, on finira quand même à garde à vue.

Paul Alauzy, Médecins du Monde

Une “délocalisation de la misère”

Pour les associations, il s’agit ni plus ni moins d’une “délocalisation de la misère” visant à masquer la pauvreté aux yeux des visiteurs et téléspectateurs pendant les Jeux. Elles dénoncent des relocalisations forcées vers des villes qui n’ont pas toujours les ressources pour accueillir ces populations fragilisées.

  • Nantes a par exemple vu arriver 450 personnes déplacées depuis début 2023
  • Orléans a dû gérer l’accueil en urgence de 250 migrants en provenance d’Île-de-France
  • Strasbourg et Bordeaux ont également été impactées par ces transferts massifs

Un “tri” opéré au détriment de la prise en charge sociale et de l’intégration de ces personnes vulnérables. Les moyens n’ont pas suivi et les structures d’hébergement d’urgence sont saturées, alertent les ONG.

Opérations “coup de poing” à l’approche des JO

Le collectif pointe également une accélération des évacuations de campements à mesure que la date des JO approche. Avec des opérations “coups de poing” de plus en plus fréquentes et brutales ces derniers mois :

  • 5 évacuations en mai 2024 contre 2 en mai 2023
  • Des interventions policières musclées au petit matin
  • Mise à l’abri proposée à seulement 30% des personnes délogées en moyenne

Un “harcèlement” qui ne règle en rien le problème du mal-logement mais déplace géographiquement ces populations fragiles, selon les associations. Elles réclament un moratoire sur les expulsions et davantage de solutions pérennes d’hébergement et d’accompagnement.

Tout ce qui ne fait pas bien sur la photo, on le retire. Les pouvoirs publics veulent gommer toute forme de pauvreté visible pendant les Jeux.

Yann Manzi, co-fondateur de l’association Utopia 56

Face à cette situation, les ONG comptent maintenir la pression avec des actions durant les JO, malgré les risques d’interpellation. L’objectif : attirer l’attention sur les angles morts de cet événement et “montrer l’envers du décor”. Un cri d’alarme pour ne pas oublier les laissés-pour-compte de cette grande fête du sport et de l’olympisme.

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