Malgré l’interdiction d’accès prononcée par la préfecture du Finistère, le navire russe Shtandart essaie coûte que coûte d’entrer dans le port de Brest. Ce trois-mâts de 34 mètres, réplique exacte d’une frégate du tsar Pierre Le Grand, devait initialement participer aux célèbres Fêtes maritimes se déroulant du 12 au 17 juillet. Mais depuis le 24 juin, les sanctions européennes à l’encontre de la Russie ont été étendues aux “navires répliques historiques”, compliquant sérieusement la situation.
Un capitaine déterminé malgré l’arrêté préfectoral
Vladimir Martus, le capitaine du Shtandart, s’est confié à l’AFP ce mardi. “Nous allons entrer à Brest avec le Belem et d’autres bateaux”, a-t-il assuré, ajoutant : “Je ne sais pas si la police va m’arrêter ou pas, mais je vais essayer”. Selon lui, l’arrêté d’interdiction pris par le préfet n’est “pas fait de manière légale”. Son avocat a d’ailleurs été mandaté pour contester cette décision en justice.
Le navire, qui naviguait sous pavillon russe jusqu’au printemps avant d’adopter celui des Îles Cook sur demande des autorités françaises, avait quitté le port de La Rochelle jeudi soir. Il se trouvait mardi au large du Finistère et ne devrait pas approcher du goulet de Brest avant jeudi.
De lourdes sanctions en cas d’infraction
En essayant de forcer l’entrée dans la rade de Brest, le Shtandart s’expose à de graves conséquences. D’après une source proche du dossier, le navire, suivi de près par les autorités dont la préfecture maritime de l’Atlantique, encourt des sanctions administratives et pénales pouvant aller jusqu’à une saisie douanière. Seules des escales techniques en dehors de Brest pourraient éventuellement être autorisées.
Un capitaine qui se dit “dissident” mais qui ne convainc pas
Vladimir Martus assure œuvrer pour “l’amitié entre les peuples”. Se présentant comme “dissident”, il a salué dans un communiqué la “lutte héroïque” des Ukrainiens contre “l’agresseur”, qualifiant Vladimir Poutine de “dictateur”.
Mais Bernard Grua, animateur du collectif “No Shtandart In Europe”, n’est pas dupe. Pour lui, ce discours ressemble à “du langage du FSB (ex-KGB)”, pointant que le capitaine ne se prononçait “jamais contre la Russie sur les réseaux sociaux”.
Rassemblement d’opposants à Brest
Ce mardi après-midi, une trentaine de personnes arborant des drapeaux ukrainiens se sont rassemblées devant la mairie de Brest pour protester contre la venue du Shtandart. Sur leurs pancartes, on pouvait lire des slogans tels que “Russia go home”, “Shtandart : espion russe”, ou encore des messages de soutien au préfet du Finistère pour sa fermeté sur ce dossier.
L’arrivée imminente du navire russe, prévue d’ici jeudi, promet de nouveaux remous. La préfecture, qui n’aurait pas été notifiée d’un éventuel référé contre son arrêté selon l’AFP, reste sur ses gardes. Les Fêtes maritimes de Brest, l’un des plus grands rassemblements du genre au monde, espèrent quant à elles ne pas voir leur programme et leur image perturbés par cet invité surprise et controversé.