L’empire du Milieu vient de subir un sérieux revers dans sa course à la suprématie navale. Selon des images satellites et des sources américaines, le premier sous-marin nucléaire d’attaque de la nouvelle classe « Zhou » aurait fait naufrage au printemps 2024 alors qu’il était amarré dans le chantier naval de Wuchang, près de Wuhan. Cet incident soulève de nombreuses questions et pourrait avoir de lourdes conséquences pour les ambitions maritimes de Pékin.
Un naufrage encore entouré de mystères
Si la Chine reste très discrète sur les circonstances exactes du drame, les images satellitaires de l’entreprise Planet Labs sont sans équivoque. On y voit distinctement des grues s’affairer à l’endroit précis où se trouvait auparavant un sous-marin flambant neuf. Les déclarations de responsables américains, relayées par le Wall Street Journal et Reuters, viennent corroborer ces observations.
De nombreuses zones d’ombre demeurent cependant. Comment un tel incident a-t-il pu se produire alors que le submersible était encore à quai ? S’agit-il d’une défaillance technique, d’une erreur humaine ou d’un acte de malveillance ? Le bâtiment est-il totalement perdu ou peut-il être renfloué ? Autant de questions qui restent pour l’heure sans réponse.
Un projet stratégique compromis
Au-delà du drame humain, c’est un projet majeur pour la marine chinoise qui se trouve compromis. La classe « Zhou » marque en effet une nouvelle étape dans la montée en puissance de la flotte sous-marine de l’Armée populaire de libération.
Plus grands, plus modernes et dotés de technologies de pointe, ces nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque sont censés permettre à la Chine de rivaliser avec les meilleurs submersibles occidentaux, notamment américains. Leur perte représente donc un coup dur, à la fois financier et stratégique.
Une crédibilité écornée
Au-delà des dégâts matériels, c’est aussi l’image et la crédibilité de la marine chinoise qui se trouvent écornées. Malgré des progrès fulgurants, cet incident rappelle que la montée en puissance de la flotte de Xi Jinping n’est pas exempte de revers et de difficultés.
La perte du premier sous-marin de classe « Zhou » est un revers majeur pour la marine chinoise et soulève des questions sur la fiabilité et la maturité de son programme de modernisation navale.
– Tom Shugart, expert militaire au Center for a New American Security
Les rivaux de la Chine, au premier rang desquels les États-Unis, ne manqueront pas de relever ces faiblesses pour tenter de contrer les ambitions maritimes de Pékin. Le naufrage du « Zhou » pourrait ainsi avoir des répercussions géopolitiques qui dépassent le simple cadre naval.
Les conséquences à long terme
Si l’enquête devra faire la lumière sur les causes exactes de l’incident, une chose est sûre : la perte de ce sous-marin dernier cri aura des conséquences durables pour la marine chinoise. Outre le coût financier, c’est tout le calendrier du programme « Zhou » qui risque d’être bouleversé.
- Retards dans la mise en service des prochains sous-marins de la classe
- Révision des procédures de sécurité et de maintenance
- Coup dur pour le moral et l’image de la flotte sous-marine chinoise
- Possible remise en cause de certains choix technologiques
Il faudra sans doute des années à la marine de l’Armée populaire de libération pour digérer ce revers et en tirer tous les enseignements. D’ici là, ses ambitions de rattrapage vis-à-vis des principales marines occidentales pourraient être sérieusement contrariées.
Vers une nouvelle course aux armements sous-marins ?
Cet incident illustre en creux toute l’importance stratégique des sous-marins, et notamment des SNA (sous-marins nucléaires d’attaque), dans les rivalités maritimes du 21e siècle. Véritables couteaux suisses des océans, ils sont devenus des atouts essentiels pour qui veut contrôler les mers.
Dans ce contexte, le naufrage du « Zhou » ne fera que renforcer la course aux armements sous-marins à laquelle se livrent déjà les principales puissances navales mondiales. Malgré ce revers, nul doute que la Chine poursuivra ses efforts pour se doter d’une flotte de SNA moderne et crédible.
De leur côté, les États-Unis, le Japon, l’Inde ou encore l’Australie ne manqueront pas non plus de développer leurs propres programmes pour ne pas se laisser distancer. Le drame de Wuhan pourrait donc paradoxalement donner un nouveau coup d’accélérateur aux rivalités navales en Indo-Pacifique.