Quand on pense à Halloween, l’image de sorcières chevauchant des balais nous vient immédiatement à l’esprit. Mais pourquoi ce lien si fort entre ces deux éléments ? Si l’association semble évidente aujourd’hui, ses origines sont en réalité plus mystérieuses qu’il n’y paraît. Plongeons ensemble dans les secrets du Moyen Âge pour découvrir comment sorcières et balais en sont venus à former un duo aussi emblématique.
Aux origines d’une tradition
C’est au XVe siècle que la figure de la sorcière telle qu’on la connaît aujourd’hui commence à émerger dans l’imaginaire collectif. À cette époque, les femmes soupçonnées de sorcellerie sont accusées de se rendre à des assemblées nocturnes pour y rencontrer le diable. Mais comment s’y rendent-elles ? Selon les croyances de l’époque, elles y vont à dos d’animaux diaboliques comme des boucs ou des sangliers.
Ce n’est qu’avec l’apparition du manche à balai que les choses changent. Dès lors, les sorcières auraient toutes adopté cet accessoire du quotidien comme moyen de transport. Plus pratique que les animaux, le balai permet une plus grande discrétion et autonomie. Tout le monde en possède un chez soi !
Un symbole caché
Mais pourquoi les sorcières chevauchent-elles leur balai au lieu de simplement s’asseoir dessus ? D’après certains experts, comme l’autrice Mona Chollet, cela cacherait en réalité un symbolisme lié à la sexualité féminine. En “chevauchant” cet accessoire à la forme phallique, les sorcières affirmeraient une forme de liberté et d’autonomie sexuelle.
Par sa forme phallique, le balai qu’elles chevauchent, en plus d’être un symbole ménager détourné, témoigne de leur liberté sexuelle.
Mona Chollet, autrice de “Sorcières, la puissance invaincue des femmes”
En fuyant le foyer conjugal sur leur balai, les sorcières s’émancipent du contrôle de leur mari. Le sabbat où elles se rendent est vu comme un lieu de débauche, représentant une sexualité débridée et hors de contrôle pour l’époque.
L’ergot du seigle, une drogue hallucinogène
Une autre théorie qui expliquerait la chevauchée du balai fait intervenir l’ergot du seigle, un champignon hallucinogène. Au Moyen Âge, ce champignon était fréquent dans le seigle utilisé pour fabriquer le pain. Consommé, il provoquait de puissantes hallucinations.
Plutôt que de l’ingérer, certaines femmes en auraient enduit leur balai pour l’appliquer sur leurs muqueuses, en le frottant contre leurs parties intimes. Sous l’emprise de la drogue, elles avaient alors l’impression de s’envoler, une “preuve” utilisée pour les condamner pour sorcellerie !
Entre mythe et réalité
Bien sûr, il est difficile de savoir quelle part de vérité se cache derrière ces différentes théories. La chasse aux sorcières a donné lieu à de nombreux fantasmes et exagérations, et la réalité historique est souvent difficile à démêler du mythe.
Une chose est sûre cependant : le lien entre sorcières et balais est profondément ancré dans notre imaginaire collectif. Qu’il s’agisse d’un symbole d’émancipation féminine détourné ou le signe d’hallucinations dues à des champignons, cette association continue de fasciner et d’intriguer.
Alors la prochaine fois que vous croiserez une petite sorcière perchée sur son balai le soir d’Halloween, vous saurez que cette image en apparence anodine cache en réalité une longue et mystérieuse histoire. Une histoire faite de superstitions, de peurs et de désirs d’émancipation dans une société oppressante.
Le bal des sorcières n’a peut-être jamais eu lieu que dans l’imagination de leurs persécuteurs… Mais il continue d’enflammer la nôtre, perpétuant la fascination qu’exercent ces figures rebelles et insaisissables, dans la nuit du 31 octobre et au-delà.