L’ouverture prochaine du nouveau musée Jules Verne à Nantes fait polémique. Des militants wokistes accusent le projet de promouvoir l’héritage “toxique” et “colonialiste” de l’œuvre de l’auteur. Une controverse sans précédent qui soulève des questions sur la préservation du patrimoine littéraire face aux pressions idéologiques.
La Cité des imaginaires, un projet ambitieux
La ville de Nantes souhaite rendre hommage à l’un de ses plus illustres écrivains avec l’ouverture en 2028 de la Cité des imaginaires, un vaste complexe culturel abritant notamment le Grand musée Jules Verne. Ce projet ambitieux, installé dans une ancienne minoterie réhabilitée, doit permettre de valoriser l’œuvre de l’auteur et son lien avec la ville.
Difficile de trouver un seul de ses 82 romans qui ne porte pas de traces indélébiles d’idéologie sexiste, racialiste et colonialiste, tout en vénérant les machines et le “progrès” du capitalisme prédateur au XIXe siècle.
Collectif La Commune de Chantenay
L’héritage de Jules Verne remis en cause
Mais à peine dévoilé, le musée essuie de vives critiques de la part d’un collectif militant local, La Commune de Chantenay. Ils dénoncent la prose “très blanche” de Jules Verne, qu’ils qualifient d’écrivain “raciste et antisémite“. Selon eux, son œuvre véhiculerait une idéologie colonialiste faisant l’apologie du capitalisme et du progrès technique de façon aveugle.
- Des accusations graves qui soulèvent un débat passionné
- Faut-il censurer les auteurs du passé au prisme des valeurs d’aujourd’hui ?
- Comment préserver et transmettre le patrimoine littéraire ?
Un débat qui divise
Cette polémique divise les Nantais et la classe politique. D’un côté, les porteurs du projet défendent la nécessité de valoriser l’héritage culturel de la ville. De l’autre, des militants dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une apologie d’un auteur problématique au regard des valeurs contemporaines. Un clivage symptomatique des tensions actuelles entre volonté mémorielle et relecture critique du passé.
Nantes. Un collectif oppose au futur musée Jules Verne, perçu comme « raciste et colonialiste »https://t.co/Dxg5iqu78E pic.twitter.com/F7BEEaZEgk
— Ouest-France (@OuestFrance) May 21, 2022
Un débat qui en appelle d’autres
Au-delà du cas Jules Verne, c’est toute la question du rapport à notre héritage culturel et littéraire qui est posée. Comment lire et faire vivre les œuvres du passé, avec le recul critique nécessaire, sans pour autant les rejeter en bloc ? Un équilibre délicat à trouver, entre transmission et contextualisation, pour éclairer les générations futures sans les priver de ce patrimoine.
La polémique autour du musée Jules Verne est emblématique des débats qui agitent notre époque, tiraillée entre mémoire et revisitation du passé. Si le wokisme bouscule avec virulence certaines figures consacrées, la “cancel culture” fait aussi craindre un effacement de pans entiers de notre culture. Un sujet qui divise et suscite les passions, appelé à rebondir à chaque nouveau projet mémoriel.
