Au cœur d’une Damas en pleine renaissance, un symbole fort de résilience vient d’être hissé. Après un mois de fermeture précipitée face à l’avancée fulgurante des rebelles vers la capitale, le musée des antiquités ouvre à nouveau ses portes au public. Un soulagement pour nombre de Syriens qui craignaient de voir ce joyau du patrimoine national réduit en poussière, à l’image d’autres institutions pillées dans le chaos des premiers jours post-Assad.
Mohamed Nair Awad, directeur des antiquités, raconte les dernières heures du régime déchu, quand son équipe, constatant la dégradation de la situation sécuritaire, s’est résolue à barricader le musée derrière d’épaisses portes en fer. Une décision qui s’est avérée salvatrice, le bâtiment étant resté intact malgré le départ précipité des forces de l’ordre le 8 décembre, laissant le champ libre aux pilleurs dans la capitale.
Une protection assurée par les nouvelles autorités
Face à ce risque, l’équipe du musée a rapidement contacté les nouveaux maîtres de Damas, les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Ces derniers ont dépêché des combattants pour sécuriser le site et ses trésors, certaines pièces remontant à plus de 10 000 ans. Un geste salué par le public venu nombreux pour la réouverture, comme Chahanda al-Baroudi, étudiante en archéologie de 29 ans, qui confie avoir pleuré de soulagement en découvrant le musée intact, loin du funeste destin de celui de Bagdad après la chute de Saddam Hussein en 2003.
J’ai repensé aux scènes du musée de Bagdad et j’ai craint de ne plus revoir nos antiquités. Quelle joie de constater qu’ici, notre patrimoine a été épargné !
Chahanda al-Baroudi, étudiante en archéologie
Un contraste saisissant avec le sort du patrimoine irakien
Ce contraste avec la situation irakienne n’a pas échappé à Iyad Ghanem. Ce passionné d’histoire, présent lors de la réouverture, brandit des pancartes appelant le nouveau pouvoir à protéger le patrimoine national, riche de dizaines de milliers de pièces couvrant des millénaires d’histoire, des outils préhistoriques aux sculptures gréco-romaines en passant par l’art islamique.
Le musée de Damas avait une première fois fermé ses portes en 2012, un an après le début du soulèvement populaire contre Bachar al-Assad, afin de mettre ses collections à l’abri. Il avait rouvert en 2018 dans les zones reconquises par le régime. Nul doute que cette nouvelle page de son histoire, sous l’égide de l’ancienne rébellion, sera scrutée avec attention, tant elle pourrait être le symbole d’une possible préservation du patrimoine malgré les tourments traversés par la Syrie.