Le monde du commerce international vient d’être secoué par une nouvelle de taille : le président élu des États-Unis Donald Trump a annoncé l’imposition de droits de douane de 25% à l’encontre du Canada et du Mexique, deux des principaux partenaires commerciaux de son pays. Une décision qui suscite l’inquiétude et la colère, y compris chez les plus proches alliés de Washington.
Le libre-échange remis en question
Pourtant, le Canada et le Mexique pensaient bénéficier d’une certaine protection grâce à l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (USMCA), le traité de libre-échange nord-américain revu et corrigé sous la houlette de Donald Trump lui-même lors de son premier mandat. Mais le locataire de la Maison Blanche n’épargne personne dans sa croisade protectionniste.
« Le simple fait qu’il vise le Mexique et le Canada, surtout le Canada, est simplement dingue. Il s’agit du plus proche et plus ancien allié des États-Unis, c’est un tout autre monde »
Petros Mavroidis, professeur à l’Université de Columbia
En s’attaquant à ses partenaires historiques en plus de renforcer les taxes sur les produits chinois, Donald Trump démontre que dans sa vision du commerce international, il n’y a pas de différence entre alliés et rivaux. Un constat amer mais pas vraiment surprenant pour la plupart des observateurs, tant la rhétorique protectionniste a été au cœur de la campagne du président républicain.
L’Europe sur le qui-vive
Les pays européens sont eux aussi dans le collimateur de l’administration Trump. Si l’UE espère encore une « coopération constructive » avec Washington, elle se tient prête à riposter en cas de nouvelles tensions commerciales, comme l’a affirmé l’ambassadrice du bloc à Washington.
« L’Europe ne va pas donner à (Donald) Trump ce qu’il souhaite. Il y aura des droits de douane sur les produits européens et l’Europe en appliquera sur toute une gamme de produits américains, parmi les plus symboliques comme les oranges, les iPhones ou le whiskey »
Gary Hufbauer, chercheur pour le Peterson Institute for International Economics
Une escalade qui pourrait vite dégénérer et « venir plomber réellement la croissance », tant aux États-Unis que dans le reste du monde, selon les économistes. D’autant que l’OMC, affaiblie par le désintérêt américain, peine à jouer son rôle d’arbitre du commerce international.
Vers de nouveaux équilibres commerciaux ?
Face à l’unilatéralisme assumé de Donald Trump, certains imaginent déjà une réponse coordonnée du reste du monde, en particulier de l’Europe. Des voix s’élèvent pour que l’UE renforce ses liens avec d’autres grandes puissances commerciales comme les pays du Mercosur, l’Inde ou les signataires de l’accord transpacifique délaissé par Washington.
« Si j’étais le commissaire européen au Commerce, je proposerais que l’on suive notre propre route et que nous finalisions des traités de libre-échange avec le Mercosur, l’Inde et les pays de l’accord transpacifique »
Petros Mavroidis, professeur à l’Université de Columbia
Mais avant de se projeter dans un avenir commercial sans les États-Unis, l’Europe doit d’abord retrouver son unité sur ces questions, en particulier entre la France et l’Allemagne. Un défi de taille à l’heure où les tentations du repli national n’ont jamais été aussi fortes sur le Vieux continent.