Culture

Le monde lyrique francophone en deuil : Jodie Devos s’éteint à 35 ans

Le monde lyrique est en deuil. La soprano belge Jodie Devos, qui enchantait les scènes françaises avec sa voix cristalline et son charisme, est décédée ce dimanche à seulement 35 ans. Une étoile filante qui laisse un grand vide...

Le ciel de l’art lyrique s’est soudainement assombri. Jodie Devos, la soprano belge qui faisait vibrer les mélomanes avec sa voix cristalline et sa présence lumineuse, s’est éteinte ce dimanche 16 juin 2024 à Paris, à l’âge de seulement 35 ans. Un cancer foudroyant a eu raison de celle qui était considérée comme l’une des coloratures les plus prometteuses de sa génération. Laissant le monde de l’opéra francophone dans un état de sidération.

Une étoile filante de l’art lyrique

Révélée au grand public en 2014 lors du prestigieux Concours Reine Élisabeth où elle avait décroché le 2e prix et le Prix du public, Jodie Devos avait rapidement conquis les plus grandes scènes françaises. De l’Opéra Comique à l’Opéra de Paris en passant par les maisons de région, la soprano wallonne, formée à Namur puis à Londres, a enchanté le public avec son timbre solaire, ses vocalises d’une souplesse confondante et son abattage scénique hors du commun.

Rayonnante interprète d’Orphée aux Enfers, de La Vie Parisienne ou des Contes d’Hoffmann, Jodie Devos s’était fait une spécialité du répertoire d’Offenbach dont elle est devenue une véritable ambassadrice, comme en témoigne son éblouissant album Offenbach Colorature paru en 2019. Une passion partagée avec son idole Natalie Dessay, à qui elle vouait une admiration sans bornes.

« J’ai grandi à une heure et demie de voiture de tout opéra, j’ai découvert le genre grâce à Internet. On a toujours peur que le public de l’opéra disparaisse. Ce devoir de diffusion fait aujourd’hui partie du job. »

– Jodie Devos

Une artiste généreuse et engagée

Au-delà de son immense talent, Jodie Devos était aussi une artiste profondément humaine et généreuse. Très impliquée dans la transmission aux jeunes générations, elle avait mis son énergie au service du Fonds Unisson créé pendant la crise sanitaire pour aider les jeunes chanteurs privés de scène. Une cause qui lui tenait à cœur, elle qui n’était arrivée à l’opéra que sur le tard, à l’adolescence, après s’être rêvée chanteuse de variété.

Jodie Devos était aussi une ardente défenseuse de la diffusion de l’opéra au plus grand nombre, par tous les moyens, des captations aux spectacles participatifs. Convaincue de l’importance cruciale du partage de cet art exigeant mais généreux.

Une présence irradiante

Tous ceux qui ont eu la chance de la côtoyer sur scène ou en coulisses garderont en mémoire sa joie de vivre communicative, sa bienveillance à toute épreuve et son énergie flamboyante. Une présence radieuse et solaire qui forçait l’admiration, sur les planches comme à la ville.

« Je n’aurai pas assez d’une vie »

– Jodie Devos en 2021, évoquant ses multiples projets

La soprano aux mille talents, qui caressait le rêve de mettre en scène et d’enseigner, aura malheureusement vu son destin fauché en plein envol. Laissant un grand vide dans le cœur des mélomanes et de tous ceux qui ont croisé sa route lumineuse. Mais son souvenir et la trace de son art juvénile continueront à briller longtemps. Comme ces étoiles qui, même éteintes, nous éclairent encore.

Le monde lyrique gardera à jamais en mémoire la grâce et le feu de la balle Jodie Devos, colorature surdouée devenue en un éclair une immense artiste, fauchée dans la fleur de l’âge. Un destin qui rappelle tragiquement celui d’une autre étoile filante de l’opéra franco-belge : la légendaire Régine Crespin, disparue il y a 15 ans quasi jour pour jour. Désormais réunies dans la lumière éternelle de l’art et de la beauté.

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