Le monde du football français est en ébullition. Un amendement visant à alourdir les taxes sur les opérateurs de paris sportifs suscite l’indignation des instances dirigeantes. Jean-François Vilotte, directeur général de la Fédération Française de Football (FFF), monte au créneau pour dénoncer une mesure qui, selon lui, met en péril l’éthique même du sport.
Un amendement qui favoriserait les sites illégaux
Au cœur de la polémique, un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) examiné par le Sénat. Celui-ci prévoit une augmentation de la taxation des opérateurs de paris sportifs. Pour Jean-François Vilotte, cette mesure donnerait un coup de pouce involontaire aux sites de paris illégaux :
Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’éthique du sport. Ces taxes supplémentaires ne portent pas sur les fédérations sportives et les clubs professionnels, mais c’est pourtant eux qui prennent le risque d’en payer le prix fort.
Jean-François Vilotte, directeur général de la FFF
En effet, si les opérateurs légaux voient leurs taxes augmenter, les sites illégaux – qui échappent par définition à toute régulation – gagneraient en attractivité auprès des parieurs. Un cercle vicieux qui mettrait à mal les efforts de régulation du secteur des paris sportifs.
Le Cnosf se joint à la fronde
La FFF n’est pas seule dans ce combat. David Lappartient, président du Comité National Olympique et Sportif Français (Cnosf), a lui aussi alerté le gouvernement. Dans une lettre adressée à Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, il exprime les inquiétudes de l’ensemble du mouvement sportif face à cet amendement controversé.
Car si le football, de par sa popularité et les sommes en jeu, est en première ligne, tous les sports sont potentiellement concernés. Les fédérations et les clubs professionnels craignent de voir leurs ressources issues des paris sportifs s’amenuiser, au profit des acteurs illégaux.
Vers une remise en cause du modèle français ?
Au-delà des enjeux financiers immédiats, c’est tout le modèle français de régulation des jeux en ligne qui pourrait être fragilisé. Depuis l’ouverture à la concurrence en 2010, un équilibre délicat a été trouvé entre l’attractivité du marché légal et la prévention des risques d’addiction et de manipulation des compétitions.
En alourdissant la fiscalité des opérateurs agréés, le législateur prendrait le risque de rompre cet équilibre. Les conséquences pourraient être désastreuses, tant pour l’éthique du sport que pour la santé publique, avec une recrudescence du jeu problématique.
Un amendement à revoir ?
Face à la mobilisation du monde sportif, le gouvernement sera-t-il amené à revoir sa copie ? C’est tout l’enjeu des débats qui s’ouvrent au Sénat. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir du modèle français des paris sportifs.
Une chose est sûre : le football français, par la voix de ses dirigeants, entend peser de tout son poids dans ce bras de fer. Car comme le rappelle Jean-François Vilotte, c’est bien l’éthique du sport qui est en jeu. Un enjeu qui dépasse largement les simples considérations fiscales.