Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances issu de l’extrême droite, a lancé un appel au Hamas, lui intimant de rendre les armes et de quitter la bande de Gaza. Cette déclaration fracassante intervient à la veille d’une réunion cruciale du cabinet de sécurité israélien, où doit être discutée la prochaine phase du cessez-le-feu dans ce territoire palestinien meurtri par plus de 15 mois de guerre.
Dans une vidéo au ton comminatoire, M. Smotrich a martelé ses exigences : « Aujourd’hui, lors de la réunion du cabinet, j’exigerai un vote pour adopter le plan du président américain Donald Trump – libérez immédiatement tous les otages, quittez Gaza pour d’autres pays et déposez les armes ». Un plan qui, rappelons-le, avait été rejeté en bloc par le monde arabe et nombre de dirigeants occidentaux lorsque le président américain l’avait évoqué début février.
Mais le ministre va plus loin, brandissant la menace d’un « ultimatum » et d’une « conquête totale » de Gaza si le Hamas venait à refuser. « Si le Hamas refuse cet ultimatum, Israël ouvrira les portes de l’enfer », a-t-il tonné, détaillant les contours d’une offensive sans précédent : « Une conquête totale, rapide et complète de la bande de Gaza, un arrêt total de l’aide, plus d’eau, plus d’électricité, plus de carburant ».
Un cessez-le-feu fragile et des otages au cœur des tractations
Ces déclarations musclées interviennent alors que le cabinet de sécurité israélien doit se réunir pour discuter de la deuxième phase du fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier dernier, après plus de 15 mois d’une guerre dévastatrice à Gaza. Un conflit déclenché par l’attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, et qui a plongé la région dans un cycle infernal de violences.
Depuis le début de la trêve, des avancées diplomatiques ont été enregistrées, avec notamment la libération de 19 otages israéliens en échange de plus d’un millier de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Mais selon l’armée israélienne, 70 personnes sont toujours retenues à Gaza, dont 35 seraient décédées, sur les 251 enlevées lors de l’attaque initiale du Hamas.
Israël face à un choix cornélien : négocier ou écraser le Hamas
Pour Bezalel Smotrich, le constat est sans appel : « C’est eux ou nous. Soit nous écrasons le Hamas, soit, Dieu nous en préserve, le Hamas nous écrasera ». Un manichéisme assumé qui semble exclure toute voie médiane. Le ministre appelle ainsi le Premier ministre à déclarer que « dès la reprise de la guerre après la première phase du cessez-le-feu, Israël s’empare dès le premier jour de 10% du territoire de Gaza, y établisse une souveraineté totale et applique immédiatement la loi israélienne ».
Une position maximaliste qui tranche avec les efforts diplomatiques engagés jusqu’alors, et qui risque de compliquer encore davantage la résolution de ce conflit qui n’en finit pas d’ensanglanter la région. Face à ce dilemme cornélien, le gouvernement israélien se retrouve sous pression, tiraillé entre les partisans d’une ligne dure et ceux qui prônent la poursuite des négociations pour tenter de sortir de l’impasse.
Gaza, une poudrière sur le point d’exploser
Car au-delà des déclarations fracassantes et des menaces proférées, c’est bien l’avenir de Gaza et de ses deux millions d’habitants qui est en jeu. Cette étroite bande de terre, soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans, est au bord de l’implosion. Les infrastructures sont en ruine, l’économie exsangue, et la population, épuisée par des années de conflits, survit dans des conditions dramatiques.
Dans ce contexte explosif, où la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres, la communauté internationale retient son souffle. Les appels à la retenue et au dialogue se multiplient, mais peinent à se faire entendre dans le vacarme des armes. L’ONU, l’Union européenne, les États-Unis… tous les regards sont braqués sur ce conflit qui menace à tout instant de dégénérer en une confrontation d’une ampleur inédite.
Alors que le cabinet de sécurité israélien s’apprête à se réunir pour décider de la marche à suivre, c’est l’avenir de toute une région qui se joue. Entre intransigeance et compromis, entre guerre et paix, Israël et le Hamas se livrent un bras de fer dont l’issue est plus incertaine que jamais. Et au milieu de ce tumulte, ce sont les civils, israéliens comme palestiniens, qui paient le prix fort de ce conflit qui semble sans fin.
La communauté internationale saura-t-elle trouver les mots justes pour ramener les belligérants à la raison ? Les dirigeants israéliens et palestiniens auront-ils la sagesse de privilegier le dialogue à la confrontation ? Les prochains jours nous le diront. Mais une chose est sûre : pour Gaza et ses habitants, le temps presse. Car chaque jour qui passe rapproche un peu plus cette poudrière de l’explosion.