Les images de dévastation provenant de Mayotte sont saisissantes. Maisons arrachées, routes coupées, réseaux d’eau et d’électricité hors-service… Le passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier a laissé l’île, département français le plus pauvre, dans un état de délabrement jamais vu depuis 90 ans. Face à l’ampleur de la catastrophe, les habitants attendent désormais des réponses concrètes des autorités. C’est dans ce contexte tendu que Manuel Valls a pris ses fonctions de ministre des Outre-mer ce mardi, promettant de faire de la reconstruction de Mayotte une « priorité absolue ».
L’heure est à l’action pour le nouveau ministre
Dès son arrivée au ministère, M. Valls a affiché sa détermination à répondre à « la colère, la peur et l’angoisse » des Mahorais. Conscient de l’urgence de la situation, il a annoncé vouloir s’attaquer en priorité aux besoins vitaux :
L’eau, la nourriture, les transports, l’électricité, les déplacements, le logement, l’école et la rentrée scolaire au mois de janvier.
Manuel Valls, ministre des Outre-mer
Au-delà de la gestion de crise, l’ancien Premier ministre a également promis un « engagement de la nation pour reconstruire Mayotte, mieux et différemment », faisant écho aux propos d’Emmanuel Macron qui a annoncé une loi spéciale pour « rebâtir » le département et « mettre fin » aux bidonvilles.
Un retour politique qui divise
Mais le retour surprise de Manuel Valls au gouvernement, notamment après son échec aux municipales de Barcelone en 2018, ne fait pas l’unanimité. Certaines voix s’élèvent déjà, à l’instar de Mansour Kamardine, vice-président LR en charge des Outre-mer et ancien député de Mayotte :
Cette nomination s’apparente pour les Mahorais à un Chido 2.
Mansour Kamardine, vice-président LR Outre-mer
Une référence claire au cyclone qui vient de frapper l’île, laissant entendre que la venue de M. Valls pourrait être vécue comme une nouvelle catastrophe par la population locale.
L’instabilité guette aussi la Nouvelle-Calédonie
Mayotte n’est pas le seul dossier brûlant qui attend le nouveau ministre. La situation est aussi très tendue en Nouvelle-Calédonie, où le premier gouvernement indépendantiste vient de tomber suite à la démission de membres loyalistes.
Pour M. Valls, « La Nouvelle-Calédonie a besoin d’un gouvernement le plus vite possible », jugeant « difficile de construire un avenir sans gouvernement pour l’archipel ». Un défi supplémentaire pour celui qui va devoir faire ses preuves rapidement sur de multiples fronts.
Les Outre-mer attendent des actes
Au-delà des promesses, les habitants des Outre-mer attendent maintenant des mesures concrètes pour améliorer durablement leur situation. Comme le souligne Victorin Lurel, sénateur de Guadeloupe :
J’ose espérer qu’en tant qu’ancien Premier ministre, M. Valls saura trouver les voies de l’apaisement en Nouvelle-Calédonie, celles d’une assistance accrue et d’une reconstruction durable à Mayotte et la force d’imposer, enfin, une feuille de route ambitieuse pour l’ensemble des territoires des Outre-mer.
Victorin Lurel, sénateur de Guadeloupe
La tâche s’annonce ardue pour Manuel Valls qui va devoir naviguer entre des contextes très différents et des attentes immenses. De la gestion de l’urgence humanitaire à Mayotte à la recherche d’une solution politique en Nouvelle-Calédonie, en passant par la définition d’une stratégie de développement globale, les chantiers ne manquent pas.
Si son expérience d’ancien chef du gouvernement peut être un atout, elle ne suffira pas à elle seule à régler des problèmes profondément ancrés. Il faudra aussi faire preuve de beaucoup de dialogue, d’empathie et de volontarisme pour renouer la confiance avec des populations qui se sentent souvent abandonnées par la République.
Les prochains mois seront donc décisifs pour le ministre des Outre-mer qui joue en grande partie sa crédibilité politique sur sa capacité à obtenir des résultats rapides et tangibles. Tout l’enjeu sera de passer des paroles aux actes pour montrer que les territoires d’Outre-mer sont véritablement une priorité du quinquennat. Les habitants, eux, restent vigilants et attendent des preuves avant de se prononcer sur ce retour surprise au gouvernement.