C’est une tragédie qui endeuille le Mexique et met en lumière les défis sécuritaires auxquels est confronté le pays. Salvador Villalba Flores, tout juste élu maire d’une commune du sud du Mexique lors des scrutins du 2 juin, a été froidement assassiné ce lundi sur une route près d’Acapulco. Un meurtre choquant qui soulève de nombreuses questions.
Les circonstances troublantes d’un assassinat politique
Selon les informations communiquées par le parquet régional de l’État du Guerrero, Salvador Villalba Flores a été victime d’un “homicide qualifié” alors qu’il circulait sur la route reliant Acapulco à Pinotepa Nacional. Élu sous l’étiquette du parti régional Mexico Avanza (gauche), le maire venait à peine de prendre ses fonctions suite aux élections municipales du 2 juin.
Les circonstances exactes du meurtre restent à éclaircir, mais certains éléments soulèvent d’ores et déjà des interrogations. Bien que disposant normalement d’une escorte de la Garde nationale, Salvador Villalba voyageait seul au moment des faits. D’après le journal local El Sur de Guerrero, il aurait été extrait de son autobus lors d’un arrêt, avant d’être abattu par balles.
Une candidature née d’un précédent assassinat
La décision même de Salvador Villalba de se présenter aux élections municipales semble trouver son origine dans un autre épisode tragique. Cet ancien capitaine de la Marine à la retraite se serait en effet lancé en politique après l’assassinat de son ami Jesus Gonzalez Rios, dirigeant local du Parti vert (PVEM), le 29 juin 2023 à Copala. Un engagement courageux, mais hélas de courte durée.
Le lourd tribut des élections mexicaines
Le meurtre de Salvador Villalba s’inscrit malheureusement dans un contexte plus large de violences visant les acteurs politiques mexicains. Lors des élections générales du 2 juin, les plus vastes de l’histoire du pays, pas moins d’une trentaine de candidats auraient été assassinés selon l’ONG Data Civica. Des attaques souvent attribuées aux cartels de la drogue et aux groupes criminels.
Les cartels, les bandes ou les gangs cherchent à “imposer des candidats” aux élections, et font savoir aux autres qu’ils “n’ont pas le droit” de se présenter.
– Victor Serrato, procureur pour les délits électoraux de l’État du Michoacán
L’État du Guerrero, épicentre des violences
Avec pas moins de 1890 assassinats recensés en 2023, l’État du Guerrero où officiait Salvador Villalba apparaît comme l’un des plus touchés par la violence liée au crime organisé. Les règlements de comptes entre cartels y sont fréquents, sur fond de narcotrafic et de corruption. Un climat délétère qui pèse lourdement sur la vie politique locale.
Quelles réponses pour endiguer la violence ?
Face à cette spirale meurtrière qui n’épargne pas les élus, le Mexique se trouve confronté à un immense défi sécuritaire et démocratique. Malgré les promesses de campagne de la nouvelle présidente Claudia Sheinbaum, première femme à diriger le pays, les moyens déployés peinent pour l’instant à enrayer la violence des cartels. Un constat alarmant, alors que la légitimité même des scrutins est menacée par les pressions des groupes criminels.
L’assassinat du maire Salvador Villalba Flores, à peine élu, illustre de façon dramatique la déliquescence sécuritaire qui ronge certaines régions du Mexique. Au-delà de l’émotion suscitée, ce meurtre doit pousser les autorités à redoubler d’efforts pour protéger les acteurs démocratiques et restaurer l’État de droit face aux cartels. Un immense chantier pour le mandat à venir.
