Alors que l’investiture de Donald Trump approche à grands pas, le Mexique s’inquiète du sort de ses millions de ressortissants vivant de l’autre côté de la frontière. Redoutant les expulsions massives promises par le président élu américain, le gouvernement mexicain vient d’annoncer le déploiement d’un outil inédit pour tenter de protéger ses citoyens : une application mobile dotée d’un « bouton d’alerte ».
Selon les détails révélés par Juan Ramon de la Fuente, ministre mexicain des Affaires étrangères, ce dispositif innovant permettra aux migrants menacés d’arrestation imminente d’envoyer instantanément un signal au consulat mexicain le plus proche, afin de bénéficier d’une assistance rapide. L’application, qui devrait également prévenir les proches de la personne en difficulté, sera disponible dès le mois de janvier, juste à temps pour l’entrée en fonction du bouillonnant milliardaire républicain.
Un vaste réseau consulaire mobilisé
Pour faire face à cette situation de crise, le Mexique pourra s’appuyer sur un maillage dense d’une cinquantaine de consulats répartis sur le territoire américain. Ces représentations diplomatiques auront pour mission de venir en aide aux quelque 12 millions de Mexicains installés aux États-Unis, sans compter les binationaux et les descendants de migrants.
La présidente de Mexico, Claudia Sheinbaum, a également indiqué que son administration planchait sur un document visant à mettre en lumière les contributions essentielles des travailleurs mexicains à l’économie américaine. Un argument de poids, alors que beaucoup d’entre eux vivent et travaillent sans papiers de l’autre côté de la frontière.
Une « invasion » aux yeux de Trump
Mais convaincre le futur locataire de la Maison Blanche ne sera pas chose aisée. Durant sa campagne, Donald Trump n’a pas mâché ses mots pour dénoncer l’arrivée de migrants sans visa par la frontière sud, qualifiant le phénomène « d’invasion ». Prompt à brandir la menace, il a promis de lancer « la plus grande opération d’expulsion de l’histoire des États-Unis » une fois investi, en s’appuyant sur l’état d’urgence et le concours de l’armée.
Face à ce défi, le Mexique cherche à nouer des alliances avec d’autres pays d’Amérique centrale comme le Honduras et le Guatemala, eux aussi pourvoyeurs de candidats au rêve américain. Une rencontre ministérielle est d’ores et déjà prévue pour coordonner les efforts.
L’économie mexicaine menacée
Au-delà de l’aspect humanitaire, c’est tout un pan de l’économie mexicaine qui pourrait vaciller si les expulsions venaient à s’intensifier. D’après les projections de la banque BBVA, les envois de fonds des Mexicains installés aux États-Unis, surnommés « remesas », devraient atteindre la somme astronomique de 66,5 milliards de dollars en 2024, soit 3,7% du PIB national.
« Plus de 1,7 million de foyers, soit 6,1 millions de personnes, dépendent directement de ces ressources »
– BBVA
Une manne financière cruciale qui fait vivre de nombreuses familles restées au pays. Toute perturbation de ce flux aurait des conséquences dramatiques pour des millions de Mexicains.
Le casse-tête des « Dreamers »
Autre sujet brûlant : le sort des « Dreamers », ces jeunes arrivés enfants aux États-Unis et qui ont grandi sur le sol américain. Protégés jusqu’ici par un programme mis en place sous Obama, ils risquent de se retrouver dans le collimateur de l’administration Trump. Leur régularisation sera l’un des dossiers les plus épineux à négocier entre Mexico et Washington.
Des négociations ardues en perspective
Malgré l’inquiétude palpable, les autorités mexicaines s’efforcent de garder une ligne pragmatique. Dans les prochains mois, la diplomatie sera plus que jamais à l’ordre du jour pour tenter d’amadouer le volcanique président américain et limiter les dégâts d’une politique migratoire qui s’annonce particulièrement hostile.
Mais entre la renégociation houleuse de l’ALENA, le projet controversé de mur frontalier et la menace d’une taxe punitive sur les importations, les sujets de friction ne manquent pas. Le Mexique devra jouer serré pour défendre ses intérêts face à un voisin aussi encombrant qu’imprévisible.
En attendant, le « bouton d’alerte » apparaît comme un première ligne de défense pour les migrants mexicains pris dans la tourmente. Une initiative salutaire, même si elle ne pourra à elle seule contrecarrer le raz-de-marée trumpien qui se profile à l’horizon.
Un bras de fer qui ne fait que commencer
Alors que l’investiture de Donald Trump approche à grands pas, le Mexique retient son souffle. Entre menaces d’expulsions massives, mur frontalier et renégociation musclée des accords commerciaux, les nuages s’amoncellent au-dessus du Rio Grande.
Pour tenter de parer au plus pressé, Mexico a dévoilé un bouclier high-tech : une application mobile permettant aux migrants menacés d’arrestation d’alerter instantanément les consulats. Une mesure d’urgence qui en dit long sur le climat d’anxiété qui règne chez le voisin du sud.
Mais au-delà de cet outil défensif, c’est une véritable partie d’échecs diplomatique qui s’engage. Chaque coup devra être savamment calculé, chaque concession âprement négociée. Car en face, le camp Trump semble déterminé à imposer sa vision d’une Amérique forteresse, quitte à bousculer les équilibres régionaux.
Pour le Mexique, l’enjeu est de taille. Il s’agit non seulement de protéger ses ressortissants expatriés, mais aussi de préserver une relation économique vitale, incarnée par ces milliards de dollars de « remesas » envoyés chaque année par les travailleurs migrants.
Un véritable bras de fer s’engage donc entre les deux pays. Et dans ce duel aux allures de « Godzilla contre King Kong », rien ne dit que la subtilité diplomatique parviendra à terrasser les rugissements populistes. Une chose est sûre : les prochains mois s’annoncent cruciaux pour l’avenir des relations américano-mexicaines. Le « bouton d’alerte » n’est qu’un premier rempart bien fragile face à la déferlante qui se profile.