C’est une déclaration qui ne manquera pas de faire polémique. Interrogé sur le meurtre sordide de la jeune Lola, 12 ans, survenu à Paris en octobre dernier, l’animateur radio Christophe Hondelatte a livré une opinion pour le moins inattendue. Pour lui, ce drame constituerait paradoxalement un argument en faveur… du maintien de l’Aide médicale d’État (AME) dont bénéficie la suspecte, de nationalité algérienne.
Un avis qui tranche avec les positions entendues jusque-là dans le débat public et politique. En effet, de nombreuses voix s’étaient élevées suite au meurtre pour réclamer un durcissement des conditions d’accès à l’AME voire sa suppression pure et simple pour les étrangers en situation irrégulière. Une mesure sécuritaire censée prévenir de tels drames.
Un crime qui relance le débat sur l’AME
Rappelons que Lola, collégienne de 12 ans, a été retrouvée morte dans une malle le 14 octobre dernier à Paris. Victime d’un meurtre d’une rare barbarie, la jeune fille présentait de multiples plaies par arme blanche ainsi que des traces de strangulation et de viol. La suspecte principale, Dahbia B., une Algérienne de 24 ans sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), a rapidement été mise en examen et écrouée.
Ce crime odieux a suscité une vive émotion dans tout le pays et relancé avec force le débat sur l’AME. Cette aide permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, dans un but de santé publique. Mais pour les partisans d’une ligne dure sur l’immigration, elle constituerait un "appel d’air" en offrant des droits aux clandestins. Des voix se sont donc élevées pour réclamer sa réforme voire son abolition.
Christophe Hondelatte à contre-courant
C’est dans ce contexte tendu que Christophe Hondelatte a livré son point de vue à contre-courant. Invité sur BFMTV, l’animateur a estimé que “paradoxalement, ce drame montre que l’AME est indispensable”. Selon lui, priver les migrants de soins serait contre-productif et dangereux pour la société :
"Si cette femme n’avait pas eu accès aux soins par le biais de l’AME, qui sait quel aurait été son état mental ? C’est peut-être justement parce qu’elle était livrée à elle-même, sans suivi médical, qu’elle a pu commettre ce crime atroce. On voit bien que la santé des migrants irréguliers est aussi un enjeu de santé publique."
Christophe Hondelatte
Un avis tranché qui ne manquera pas de faire réagir, tant la question de l’AME crispe le débat politique. Un sujet d’autant plus sensible qu’il renvoie à la difficile conciliation entre humanité et fermeté réclamée dans le traitement des flux migratoires.
Une opinion isolée et contestée
Sans surprise, la petite phrase de Christophe Hondelatte a rapidement été fustigée sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont dénoncé son caractère "choquant" et "déplacé" dans le contexte d’un drame impliquant une enfant. Pour beaucoup, il est malvenu d’utiliser ce crime odieux comme argument dans le débat sur l’AME.
"Effarant de récupération et d’indécence… Honteux d’instrumentaliser ainsi la mort de Lola au service d’une position idéologique."
Un tweet représentatif des critiques
Sur le fond également, la position de l’animateur est loin de faire l’unanimité. Pour la droite et l’extrême-droite, c’est au contraire l’échec des politiques migratoires et la trop grande mansuétude à l’égard des clandestins qui seraient à l’origine de tels drames. Des voix qui prônent la fermeté plutôt que l’ouverture de droits pour les étrangers en situation irrégulière.
Un sujet clivant qui appelle un vrai débat
Au final, l’opinion de Christophe Hondelatte aura surtout permis de mettre en lumière le caractère éminemment clivant et passionné du débat sur l’AME. Une question complexe qui cristallise des visions radicalement opposées sur la politique migratoire et le traitement des étrangers en situation irrégulière.
Pour les associations de défense des migrants, l’accès aux soins est un droit fondamental qui ne doit souffrir aucune exception. Elles pointent le risque sanitaire, pour les intéressés comme pour la société tout entière, d’une mise à l’écart des plus précaires. À l’inverse, les partisans d’une ligne restrictive y voient une incitation à l’immigration illégale et un financement indu sur fonds publics.
Comme souvent, la vérité se situe sans doute dans un équilibre entre le devoir d’humanité et la nécessité de réguler les flux migratoires. Un équilibre difficile à trouver, comme le montre la controverse suscitée par les propos de Christophe Hondelatte. Gageons que le débat est loin d’être clos et que le meurtre de Lola continuera d’alimenter les passions autour de ce sujet sensible. Un drame qui aura au moins eu le mérite de mettre en lumière les enjeux d’une question trop souvent caricaturée.
