La restauration de Notre-Dame de Paris, gravement endommagée par un incendie en 2019, ne cesse de faire polémique. Dernier épisode en date : le refus d’Antoine Marie Préaut, inspecteur général des affaires culturelles, de recevoir la Légion d’honneur tant que le projet de nouveaux vitraux contemporains n’est pas abandonné.
Un projet controversé de vitraux contemporains
Début décembre, le président Emmanuel Macron a annoncé la création de vitraux contemporains pour « porter la marque du XXIe siècle » dans la cathédrale. Un choix artistique qui ne fait pas l’unanimité, notamment chez les défenseurs du patrimoine comme Antoine Marie Préaut.
Je recevrai cette décoration lorsque l’incertitude qui pèse sur les vitraux aura été levée.
Antoine Marie Préaut, inspecteur général des affaires culturelles
L’inspecteur général, qui avait participé au sauvetage des œuvres le soir de l’incendie, conditionne donc l’acceptation de sa distinction au maintien des vitraux de Viollet-le-Duc, épargnés par les flammes. Une prise de position forte qui illustre la vive opposition que suscite ce projet.
Une pétition de 275 000 signatures contre le projet
Antoine Marie Préaut n’est pas le seul à s’élever contre ces vitraux modernes. Une pétition lancée par des associations de sauvegarde du patrimoine a recueilli plus de 275 000 signatures. Si le préfet de région donne son feu vert, certaines se disent même prêtes à déposer un recours devant le tribunal administratif.
Stéphane Bern dénonce l’ingérence du président
De son côté, l’animateur Stéphane Bern, féru d’histoire, a vivement critiqué ce qu’il considère comme une ingérence d’Emmanuel Macron dans ce dossier patrimonial :
Ce que le président veut, Dieu le veut.
Stéphane Bern, animateur et défenseur du patrimoine
L’artiste choisie, Claire Tabouret, divise aussi
Pour réaliser les vitraux, c’est la peintre française Claire Tabouret qui a été choisie. Un choix qui ne fait pas non plus consensus, certains jugeant son style trop éloigné de l’identité gothique de la cathédrale.
Malgré les critiques, le ministère de la Culture assume ce parti-pris contemporain. La ministre Rima Abdul-Malak a ainsi déclaré que « patrimoine et création doivent aller de pair ». Mais pour ses détracteurs, intégrer une touche moderne dans ce joyau médiéval relève du sacrilège.
Notre-Dame, un chantier sous haute tension
Cette polémique s’ajoute aux nombreux débats qui agitent la restauration de Notre-Dame depuis 3 ans. Que ce soit sur la flèche, le mobilier liturgique ou la place de la création, chaque arbitrage est scruté et discuté.
En refusant cette haute distinction, Antoine Marie Préaut place l’exécutif face à ses responsabilités. Une façon de rappeler que ce chantier emblématique est aussi celui de tous les Français, viscéralement attachés à ce symbole national. Le gouvernement saura-t-il tenir compte de cette bronca ? Réponse dans les prochains mois, alors que Notre-Dame poursuit sa lente résurrection.