Imaginez un instant que votre vie professionnelle soit régie par les mêmes règles que le mercato du football. C’est le pari un brin provocateur que nous propose le dessinateur britannique David Squires dans sa dernière œuvre satirique parue dans le magazine L’Équipe. Une réflexion décalée qui pousse à s’interroger sur les travers de notre société.
Le Monde du Travail sur le Terrain du Foot
Dans cet univers parallèle imaginé par Squires, les entreprises s’apparentent à des clubs de foot, avec leurs stars, leurs seconds couteaux et leurs bancs de touche. Les employés sont transférés au gré des saisons et des besoins, pour des montants records.
Vous rêvez d’une augmentation ? Demandez votre transfert vers une entreprise concurrente, quitte à passer quelque temps « sur le banc ». Un poste vous paraît inatteignable ? Misez sur vos statistiques pour convaincre les recruteurs de miser sur vous.
Des négociations de contrats survoltées
Comme lors du mercato, chaque fin de période serait propice aux négociations de contrats. Les agents seraient sur le qui-vive pour placer leurs « poulains » dans les entreprises les plus en vue. Des rumeurs circuleraient sur les réseaux sociaux :
Selon une source proche du dossier, Jean-Marc, responsable commercial chez Dupont & Co, serait sur le point de s’engager avec la start-up Novosale. Le transfert tournerait autour des 250 000 € !
Les entretiens d’embauche prendraient des allures de conférences de presse, avec leur lot d’effets d’annonce :
Je suis très heureux de rejoindre l’équipe de Novosale. C’est un nouveau challenge pour moi, j’ai hâte d’apporter mon expérience à ce groupe ambitieux.
Jean-Marc, nouveau responsable commercial de Novosale
Quitter son entreprise, mode d’emploi
Vous traînez votre spleen dans votre boîte actuelle ? Plusieurs options s’offrent à vous pour plier bagage :
- Le transfert sec : vous faites vos valises du jour au lendemain contre un gros chèque. Votre entreprise n’a qu’à bien se tenir !
- Le prêt : vous testez une nouvelle équipe quelques mois, le temps pour vous de vous faire un nom, avant de revenir (ou pas).
- L’échange standard : las de votre poste de comptable ? Et si vous preniez la place de votre alter ego chez ce gros concurrent ?
Dans ce monde professionnel « footbalisé », les cadres dirigeants seraient les nouveaux entraîneurs, menant leur équipe d’une main de fer. On imagine déjà les unes des magazines éco :
Crise chez Novosale : Jean-Bernard viré pour « faute grave » après avoir refusé de serrer la main du DG
Les entretiens annuels deviendraient de véritables conférences de presse d’après-match, où l’on décortiquerait la « perf » de chacun. Gare à ne pas se faire allumer par les analystes !
Vers une « starification » à outrance ?
Le revers de la médaille serait bien sûr une course effrénée à la performance individuelle. Chacun chercherait à tirer la couverture à soi en vue du prochain mercato. Les « premiers de cordée » rafleraient les meilleurs postes et les plus gros salaires, créant un fossé avec les employés lambda.
Car oui, dans ce monde professionnel à la sauce football, il y aurait des stars adulées… et des remplaçants condamnés à ronger leur frein en espérant leur heure de gloire. Pas sûr que ce modèle soit plus épanouissant que notre bon vieux schéma managérial.
En poussant la réflexion à l’extrême, David Squires nous interroge avec humour et un brin de provocation sur les dérives de notre société. Et si, plutôt que de tout « footbaliser », on humanisait davantage le monde du travail ? Un beau sujet de réflexion en cette rentrée !