Un rapport récent de l’ONU révèle les détails choquants d’un massacre brutal survenu à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, en décembre dernier. Selon ce document accablant, plus de 200 personnes auraient été ciblées et tuées lors d’une véritable « chasse à l’homme » commanditée par un puissant chef de gang local. Cette tragédie met en lumière la spirale de violences qui gangrène Haïti et soulève de vives inquiétudes quant à la sécurité de la population.
Une « chasse à l’homme » d’une brutalité inouïe
D’après les conclusions de la mission de l’ONU en Haïti (Binuh) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), 134 hommes et 73 femmes auraient été froidement assassinés entre le 6 et le 11 décembre 2024, sur ordre de Micanor Altes, le chef du redoutable gang de Wharf Jérémie qui compterait quelque 300 membres.
Une source proche de l’enquête a confié que la majorité des victimes étaient des personnes âgées, accusées à tort de pratiquer le vaudou et d’avoir rendu malade l’enfant du chef de gang. Dans un accès de folie meurtrière, ce dernier aurait lancé ses hommes à l’assaut des ruelles de la capitale, traquant sans relâche les malheureux désignés comme coupables.
Selon les témoignages recueillis, les victimes auraient été brutalement arrachées à leur domicile, avant d’être conduites de force dans le repaire du gang. Là, après avoir subi un interrogatoire musclé, elles auraient été froidement abattues ou découpées à la machette sur un site d’exécution proche. Les bourreaux se seraient ensuite employés à faire disparaître les corps, en les brûlant ou en les démembrant, avant de les jeter à la mer.
Une violence endémique qui s’aggrave
Ce drame effroyable n’est malheureusement que le dernier épisode en date d’une longue série noire en Haïti. Depuis plusieurs mois, le pays s’enfonce dans une spirale de violences incontrôlées, orchestrées par des gangs surarmés qui font régner la terreur en toute impunité. Meurtres, viols, enlèvements contre rançon… La population vit dans la peur permanente.
Plus de 5.350 personnes auraient été tuées et plus de 2.155 autres blessées au début de l’année 2024.
– Rapport Binuh et HCDH
Face à cette situation dramatique, la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Maria Isabel Salvador, a appelé la justice haïtienne à mener une enquête approfondie sur ces crimes odieux qui ciblent les populations les plus vulnérables. Mais dans un pays miné par la corruption et la déliquescence de l’État, il y a peu d’espoir de voir les coupables répondre un jour de leurs actes.
Le vaudou, bouc émissaire commode
Ce massacre révèle aussi les profondes fractures qui traversent la société haïtienne. Le vaudou, religion ancestrale héritée des esclaves africains, reste mal compris et souvent diabolisé. Interdit pendant la colonisation française, il n’a été reconnu comme religion officielle par le gouvernement qu’en 2003. Aujourd’hui encore, ses adeptes font l’objet de nombreuses discriminations et servent de bouc émissaire facile en période de crise.
Au-delà du drame humain, ce nouveau bain de sang questionne sur la capacité d’Haïti à endiguer cette épidémie de violences. Gangrené par la pauvreté, miné par l’instabilité politique chronique, le pays semble s’enfoncer chaque jour davantage dans le chaos. Sans une mobilisation massive de la communauté internationale et une refonte en profondeur de l’État haïtien, il y a peu d’espoir de voir la situation s’améliorer.
En attendant, ce sont les civils qui paient le prix fort de cette guerre des gangs. Pris en étau entre la violence aveugle des criminels et l’indifférence coupable des autorités, ils tentent tant bien que mal de survivre dans cet enfer quotidien. Mais combien de massacres faudra-t-il encore pour que leur calvaire prenne fin ? C’est tout un pays qui sombre, dans l’indifférence quasi-générale, et il est plus que temps de tirer la sonnette d’alarme.