Le 16 juin 1940 restera à jamais gravé dans les mémoires comme un jour sombre de l’histoire de France. Alors que le pays est en plein chaos face à l’avancée fulgurante des troupes nazies, le gouvernement de Paul Reynaud s’effondre, impuissant. C’est dans ce contexte dramatique que le Maréchal Philippe Pétain, auréolé de son statut de héros de la Grande Guerre, est nommé chef du gouvernement par le président Albert Lebrun. Une décision lourde de conséquences.
La France au bord du gouffre
Juin 1940. L’armée française est en déroute, submergée par la puissance de la Wehrmacht. Les Panzers allemands déferlent sur le territoire, ne laissant que désolation sur leur passage. Le gouvernement, réfugié à Bordeaux, est en plein désarroi. Le 16 juin, acculé, le président du Conseil Paul Reynaud jette l’éponge et démissionne, laissant un vide béant à la tête de l’État. Il faut agir, vite.
Pétain, l’homme providentiel ?
Pour beaucoup, Philippe Pétain apparaît alors comme l’ultime recours. Vainqueur de Verdun, maréchal de France, il incarne la stabilité et le patriotisme. Albert Lebrun, le président de la République, décide donc de lui confier les rênes du pays en cette heure si grave. À 84 ans, celui que l’on surnomme déjà le “vainqueur de Verdun” redevient le grand timonier de la nation. Mais ses intentions sont floues.
Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.
– Philippe Pétain, 17 juin 1940
Le choix de la collaboration
Pétain ne tarde pas à dévoiler son jeu. Dès le 17 juin, il annonce sa volonté de cesser le combat et d’entamer des pourparlers avec Hitler. Après une entrevue dans la clairière de Rethondes, là même où fut signé l’armistice de 1918, la convention de Compiègne est ratifiée le 22 juin. La France est coupée en deux, la IIIe République abolie, l’État français, dit “régime de Vichy“, instauré. Un tournant majeur, qui fera plonger le pays dans une des périodes les plus noires de son histoire.
De la gloire à l’infamie
Pendant quatre longues années, le régime collaborationniste de Pétain mènera une politique de soumission à l’Allemagne nazie, prenant une part active à la déportation des Juifs de France. Un cynisme et une lâcheté que le “vainqueur de Verdun” paiera cher à la Libération. Jugé en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi, il est condamné à mort, avant de voir sa peine commuée en détention à perpétuité par le général de Gaulle. Philippe Pétain s’éteindra en 1951 à l’âge de 95 ans, dans l’indifférence quasi générale, laissant une image à jamais ternie.
Ainsi, le 16 juin 1940 marque un basculement tragique dans la destinée de la France. En plaçant ses espoirs dans un vieillard plus soucieux de sa gloire passée que de l’intérêt de la nation, le pays s’est engouffré dans les heures les plus sombres de son histoire. Une page noire qui ne sera tournée qu’au prix du sang et des larmes, par le sacrifice de milliers de héros anonymes. N’oublions jamais cette terrible leçon.