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Le marché des fusions-acquisitions sous pression en 2024

Les fusions et acquisitions peinent à rebondir en France en 2024, pénalisées par un climat d'incertitude politique et économique. Malgré quelques signaux encourageants, les entreprises restent sur leurs gardes...

Les signaux encourageants se multiplient à l’échelle mondiale pour le marché des fusions et acquisitions en ce début d’année 2024. On note notamment un assouplissement des politiques monétaires des banques centrales, une bonne tenue des marchés boursiers et la perspective d’un atterrissage économique en douceur outre-Atlantique. De quoi, en théorie, doper l’optimisme des négociateurs.

Pourtant, le tableau est plus mitigé en France. Le marché hexagonal demeure en demi-teinte, ralenti notamment par un 2ème trimestre marqué par les incertitudes politiques et fiscales. Une situation qui incite les entreprises à la prudence dans leurs projets de croissance externe.

Un climat politique et fiscal défavorable

Pour une banquière d’affaires parisienne, «on reste sur un marché du M&A (fusions et acquisitions) qui est convalescent, il y a eu quelques grosses opérations mais on n’est pas du tout dans les volumes qu’on a pu voir au pic en 2020 et en 2021».

Les soubresauts politiques liés à la dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron le 9 juin et l’instabilité fiscale qui en découle ont conduit certains investisseurs étrangers à adopter une position attentiste vis-à-vis de la France. D’après une source proche du dossier, l’incertitude sur l’environnement fiscal pose problème pour les entreprises étrangères qui souhaitent investir dans l’Hexagone. Beaucoup préfèrent patienter dans l’espoir d’un apaisement du climat politique et social. Quand elles ont une alternative dans un autre pays, elles n’hésitent pas à la saisir.

Des entreprises françaises qui regardent à l’international

Face à ces vents contraires sur leur marché domestique, les entreprises françaises maintiennent le cap de l’expansion internationale dans leurs opérations de M&A. Une étude de Bank of America relève que «les fusions et acquisitions des grandes capitalisations françaises sont portées par l’expansion internationale. La tendance devrait se poursuivre dans un environnement local français plus difficile».

Cependant, l’appétit pour les acquisitions à l’étranger s’est quelque peu érodé en 2024 : selon des données arrêtées à début novembre, la valeur des transactions réalisées par des entreprises françaises hors de l’Hexagone a baissé de 12% sur un an, à 45 milliards de dollars. Dans le même temps, les achats d’entreprises françaises par des sociétés étrangères ont chuté de 22%, à 39 milliards de dollars.

Les transactions franco-françaises en première ligne

Ce sont finalement les opérations domestiques qui ont le plus soutenu l’activité de fusions et acquisitions en France en 2024. Elles ont représenté la moitié des 20 principales transactions, à l’image du rachat de la branche de gestion d’actifs d’Axa par BNP Paribas pour 5,4 milliards d’euros en août. Le secteur des services financiers a tiré son épingle du jeu cette année, contrairement à celui de la santé par exemple.

Prudence et attentisme de mise

Après un « coup d’arrêt sur tous les fronts » en 2023 selon un banquier d’affaires, 2024 a vu le retour de quelques opérations menées par les entreprises. En revanche, l’activité est restée atone du côté des fonds d’investissement. Un phénomène surprenant car ces derniers disposent de fonds records à déployer. Mais là encore, c’est la prudence et l’attentisme qui ont prévalu.

Difficile dans ces conditions de parler d’embellie pour le marché français du M&A. Certains experts veulent néanmoins croire que le pire est passé et entrevoient des perspectives plus favorables pour 2025. Jérôme Morisseau, codirecteur de la banque d’investissement en France de Bank of America, anticipe un net regain d’activité « notamment au deuxième semestre, le temps que la poussière retombe un petit peu », y compris outre-Atlantique après une année 2024 compliquée.

Des fondamentaux solides malgré tout

Au-delà de la conjoncture immédiate, les fondamentaux du marché français des fusions et acquisitions restent solides : des entreprises en bonne santé financière, des investisseurs en quête de rendement, des entrepreneurs et dirigeants animés par une dynamique de consolidation et d’expansion.

Autre facteur de soutien, la pression concurrentielle et la nécessité pour beaucoup d’acteurs d’atteindre une taille critique ou de se renforcer sur des segments stratégiques. Sans oublier la vague des transitions énergétique et digitale qui promet de nourrir une activité soutenue de croissance externe dans les années à venir.

« Globalement, les ingrédients sont là pour avoir un marché du M&A dynamique et porteur à moyen-long terme en France » affirme un banquier d’affaires expérimenté.

Alors certes, le cru 2024 ne restera pas dans les annales. Mais il ne faut pas perdre de vue le potentiel et les atouts de la place de Paris, à même de retrouver des couleurs dès que les vents géopolitiques et économiques seront plus porteurs. Les regards se tournent désormais vers 2025, avec l’espoir d’une conjoncture plus propice pour libérer les énergies et réveiller l’animal spirits des investisseurs.

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