Dans un contexte mondial troublé, le marché de l’art n’a pas été épargné en 2024. Les maisons de ventes internationales comme Christie’s et Sotheby’s ont vu leur produit des enchères reculer, prolongeant la tendance amorcée en 2023. Face aux incertitudes économiques et géopolitiques, nombreux sont les collectionneurs qui ont préféré temporiser, attendant des jours meilleurs pour mettre en vente leurs œuvres majeures. Résultat : une contraction significative de l’offre haut de gamme, avec son lot de records en moins.
Un seul tableau à plus de 100 millions de dollars
Symbole de cette année en demi-teinte, un seul tableau a dépassé la barre symbolique des 100 millions de dollars en 2024, contre six en 2022. Il s’agit de L’Empire des lumières de René Magritte, adjugé 121 millions de dollars chez Christie’s New York en novembre. Un score loin du record absolu de 2022, quand Shot Sage Blue Marilyn d’Andy Warhol s’envolait à 195 millions de dollars.
Cette raréfaction des œuvres phares s’est vérifiée dans tous les segments du marché, de l’art ancien à l’art contemporain en passant par les objets de collection. Mais tous les acteurs n’ont pas subi cette baisse de la même manière.
La France limite la casse
Dans ce contexte morose, la France a plutôt bien résisté. Certes, les maisons de ventes françaises ont aussi vu leur produit reculer, mais dans une moindre mesure que leurs consœurs étrangères. Selon les chiffres compilés par le Conseil des Ventes, le montant total des enchères hexagonales a atteint 2,1 milliards d’euros en 2024, en baisse de 6% par rapport à 2023. A titre de comparaison, le recul a été de 12% au niveau mondial.
Cette meilleure résistance tricolore s’explique par plusieurs facteurs. Primo, le marché français est moins dépendant des méga-ventes très haut de gamme que les places de New York ou Hong Kong. Secundo, Paris a su tirer son épingle du jeu en attirant une nouvelle clientèle internationale, notamment moyen-orientale, en quête de diversification.
Paris est clairement devenue une alternative de plus en plus crédible à Londres, analyse une experte du marché. Avec le Brexit et l’attractivité de la capitale française, on observe un vrai rééquilibrage des forces en Europe.
L’essor des ventes privées
Autre enseignement de 2024 : la montée en puissance des ventes privées. Alors que les enchères publiques marquaient le pas, les transactions de gré à gré ont progressé. Chez Christie’s, elles ont même établi un nouveau record à 1,2 milliard de dollars, en hausse de 20%.
- Un phénomène qui s’inscrit dans une tendance de fond, les collectionneurs privilégiant de plus en plus la confidentialité.
- Les maisons de vente misent sur ces transactions discrètes pour compenser le recul des enchères.
Cette évolution n’est pas sans conséquence sur la transparence du marché. Avec la part grandissante des ventes privées, il devient plus difficile d’avoir une vision exhaustive des échanges et des prix pratiqués. Un déficit d’information qui suscite des interrogations.
Cap sur 2025
Malgré les difficultés rencontrées, les acteurs du marché restent confiants pour l’avenir. Beaucoup parient sur un rebond en 2025, avec le retour espéré des grandes signatures et des œuvres d’exception. Les signaux positifs du dernier trimestre 2024, notamment une hausse de 3% sur le seul mois de décembre, leur donnent des raisons d’espérer.
Le pire est clairement derrière nous, veut croire le patron d’une grande maison de ventes française. Les voyants sont au vert pour recommencer à constituer des ventes de prestige courant 2025.
D’ici là, gageons que le marché de l’art saura continuer à s’adapter et se réinventer, comme il l’a toujours fait au fil des siècles et des crises. Avec son lot de surprises et de coups d’éclat qui font son sel. Rendez-vous dans un an pour un nouveau bilan !