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Le Mali Dénonce l’Ingérence Persistante de l’Algérie

Tensions au Sahel : le Mali dénonce avec véhémence l'ingérence continue de l'Algérie dans sa lutte anti-terroriste, l'accusant de complicité avec les groupes armés. Un nouveau chapitre explosif dans la crise régionale...

Les relations diplomatiques entre le Mali et l’Algérie traversent une période de fortes turbulences. Le gouvernement malien a vivement dénoncé ce qu’il qualifie « d’ingérence persistante » de son voisin algérien dans ses affaires intérieures, en particulier concernant sa stratégie de lutte contre le terrorisme au Sahel. Cette prise de position cinglante intervient dans un contexte régional explosif, marqué par une hausse des violences djihadistes et une remise en question croissante de la présence des forces étrangères.

Le Mali accuse l’Algérie de soutenir des « groupes terroristes »

Dans un communiqué au ton acerbe, le ministère malien des Affaires étrangères a pointé du doigt ce qu’il considère comme « la proximité et la complicité » de l’Algérie avec les groupes armés semant le chaos dans le nord du Mali. Bien que n’apportant pas de preuves tangibles, Bamako affirme qu’Alger aurait « offert gîte et couvert » à ces factions rebelles, entravant ainsi les efforts de stabilisation menés par l’État malien et ses alliés.

Cette accusation grave intervient suite aux récents commentaires du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, qui avait émis des réserves sur l’approche sécuritaire adoptée par la junte malienne. Ses propos, rapportés par la presse sans être officiellement confirmés, ont provoqué l’ire des autorités de Bamako, qui y voient une ingérence inadmissible dans leurs choix stratégiques souverains.

Le Mali condamne avec la dernière vigueur cette nouvelle ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du Mali.

Communiqué du ministère malien des Affaires étrangères

La fin de l’accord de paix d’Alger, symbole d’un divorce consommé

Cette passe d’armes verbale s’inscrit dans le sillage de la décision fracassante prise par Bamako en janvier dernier : la rupture unilatérale de l’accord de paix d’Alger. Signé en 2015 après de longues tractations sous l’égide algérienne, ce texte était jusqu’alors considéré comme un pilier essentiel de la stabilisation du Mali, en particulier de sa partie septentrionale en proie aux velléités indépendantistes touarègues.

En dénonçant cet accord, la junte militaire au pouvoir depuis 2020 a voulu signifier sa volonté de se défaire de toute tutelle extérieure, aussi bien française qu’algérienne, pour reprendre la main sur le dossier sécuritaire. Une décision lourde de symboles, qui marque un tournant majeur dans les équilibres géopolitiques régionaux.

Un régime malien en quête de nouvelles alliances

Pour les observateurs avertis, ce coup d’éclat malien s’inscrit dans une stratégie plus globale de repositionnement diplomatique. Déterminé à se défaire de l’influence occidentale, incarnée notamment par la France et la mission onusienne Minusma, le régime de Bamako a opéré un spectaculaire rapprochement avec la Russie ces derniers mois.

Moscou est devenu un partenaire de premier plan, fournissant instructeurs militaires et équipements pour épauler l’armée malienne dans sa guerre contre les djihadistes. Un virage stratégique qui n’est pas sans susciter des interrogations, voire des inquiétudes, tant les motivations réelles et les modalités de cette coopération demeurent opaques.

Quelles perspectives pour la stabilité du Sahel ?

Au-delà de la crise diplomatique entre Bamako et Alger, c’est bien l’avenir de toute la région sahélienne qui est en jeu. Minée par les conflits, la pauvreté et les bouleversements climatiques, cette zone stratégique reste plus que jamais une poudrière, sur laquelle les grandes puissances se livrent une compétition d’influence acharnée.

Face à la montée des périls, une approche concertée et inclusive apparaît pourtant comme la seule voie viable pour restaurer durablement la paix et la sécurité. Cela passe nécessairement par un dialogue apaisé entre tous les acteurs, étatiques et non-étatiques, ainsi que par une prise en compte des aspirations légitimes des populations locales. Un immense défi, qui nécessitera un profond changement de logiciel de la part de l’ensemble des protagonistes.

En attendant, la escalade verbale entre le Mali et l’Algérie vient ajouter un peu plus de tension à une situation régionale déjà explosive. Elle illustre cruellement les limites des accords de paix passés, torpillés par les ambitions rivales et les jeux d’influence extérieurs. Pour sortir de l’ornière, un sursaut collectif s’impose, en faveur d’une coopération sincère et d’une vision partagée pour l’avenir du Sahel. Seule une approche globale, dépassant les clivages et les intérêts particuliers, permettra de vaincre le fléau terroriste et d’ouvrir un nouveau chapitre d’espoir pour ces territoires meurtris.

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