C’est une annonce qui pourrait bien changer le visage du port de Bordeaux dans les années à venir. Pierre Hurmic, le maire écologiste de la ville, vient de dévoiler un projet ambitieux visant à déplacer la zone d’amarrage des paquebots actuellement situés en face du centre-ville. L’objectif ? Concilier développement du tourisme et protection de l’environnement en limitant la pollution générée par ces géants des mers.
Une fréquentation en hausse, source de nuisances
Avec près de 40 navires accueillis chaque année, le port de Bordeaux a retrouvé son rythme de croisière d’avant la crise sanitaire. Si cette présence témoigne de l’attractivité touristique de la cité girondine, elle n’est pas sans poser quelques problèmes, notamment en termes de pollution de l’air et de nuisances pour les riverains.
Vous avez été nombreux à m’interpeller sur la présence des paquebots sur nos quais à Bordeaux et je comprends les inquiétudes face à ce type de tourisme.
– Pierre Hurmic, maire de Bordeaux
Vers une limitation du nombre de paquebots
Première mesure annoncée par Pierre Hurmic : plafonner le nombre de paquebots autorisés à accoster chaque année au niveau actuel, soit une quarantaine. Un “plafond auquel nous devons nous tenir” selon l’élu, qui souhaite privilégier “un tourisme sobre, respectueux de la biodiversité et de la qualité de l’air”.
Un déplacement pour limiter la pollution
Mais la mesure phare du projet reste le déplacement de la zone d’amarrage des paquebots vers l’aval du pont Chaban-Delmas. Un choix stratégique qui permettra notamment de brancher directement les navires au réseau électrique, leur évitant ainsi d’utiliser leurs moteurs polluants lorsqu’ils sont à quai.
Ce serait une grande avancée pour limiter leur impact environnemental.
– Pierre Hurmic
Pour le maire écologiste, il est essentiel de trouver un équilibre entre activité portuaire, tourisme fluvial et protection de la Garonne, “élément essentiel de l’écosystème de notre région”. Un défi de taille, alors que le tourisme de croisière est en plein essor à Bordeaux comme dans de nombreuses autres villes portuaires.
Des paquebots sous surveillance
Le projet porté par la mairie survient dans un contexte de méfiance croissante vis-à-vis des paquebots et de leur impact écologique. En 2022, des militants d’Extinction Rebellion avaient ainsi réveillé en fanfare les passagers d’un navire amarré à Bordeaux. Quelques mois plus tard, une étude d’Atmo Nouvelle-Aquitaine pointait du doigt des niveaux de pollution préoccupants, dépassant les seuils recommandés par l’OMS.
Avec ce plan ambitieux, Pierre Hurmic espère montrer qu’il est possible de concilier développement du tourisme et protection de l’environnement. Reste désormais à convaincre les différents acteurs (ville, port, compagnies de croisière) de la pertinence du projet et de sa faisabilité technique et financière. Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir des paquebots à Bordeaux, et peut-être pour celui du tourisme de croisière dans son ensemble.