Un séisme judiciaire secoue le monde des affaires en Inde. Mercredi, le procureur fédéral de Brooklyn a accusé Gautam Adani, le magnat de l’énergie et 2e fortune indienne, d’être impliqué dans le versement de 250 millions de dollars de pots-de-vin pour décrocher des contrats publics dans l’énergie solaire. Un coup de tonnerre pour cet entrepreneur de 62 ans réputé proche du Premier ministre Narendra Modi, et déjà soupçonné de fraude par le passé.
Adani, un empire bâti à la vitesse de l’éclair
Né dans une famille modeste du Gujarat, Gautam Adani a quitté l’école sans diplôme. Après des débuts dans le commerce de diamants, il rachète en 1995 le port de Mundra, aujourd’hui le plus grand d’Inde. Son groupe est depuis devenu un conglomérat tentaculaire, présent de l’énergie aux médias en passant par les aéroports et les mines, avec des intérêts de l’Asie à l’Australie. Une success story fulgurante qui a propulsé Adani au 2e rang des milliardaires indiens, avec une fortune de 116 milliards de dollars selon Forbes.
Un proche de Modi
Mais l’ascension d’Adani est indissociable de ses liens étroits avec Narendra Modi. En 2014, c’est à bord d’un jet du groupe qu’il s’est rendu à Delhi pour son investiture comme Premier ministre. Selon ses détracteurs, Modi aurait favorisé Adani dans l’attribution de marchés publics lorsqu’il dirigeait le Gujarat. Des allégations que l’homme d’affaires a toujours niées.
Corruption à grande échelle
Aujourd’hui, la justice américaine accuse Adani d’avoir versé directement 250 millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires indiens pour remporter des appels d’offres dans le solaire. Lui et deux autres dirigeants sont aussi poursuivis pour avoir dissimulé ce système de corruption aux investisseurs. Des infractions commises “au détriment d’investisseurs américains”, selon le ministère de la Justice.
Adani aurait personnellement « proposé » son système de corruption à un responsable indien, selon l’acte d’accusation.
Adani nie, l’opposition réclame son arrestation
Le groupe a vivement rejeté ces accusations “sans fondement”, assurant respecter “les plus hauts standards de gouvernance”. Mais Adani Green Energy, sa filiale d’énergie verte, a dû suspendre une vente d’obligations de plusieurs centaines de millions de dollars. De son côté, Rahul Gandhi, chef du principal parti d’opposition, a exigé “l’arrestation immédiate” d’Adani, accusant Modi de le protéger.
Des soupçons récurrents
Ce n’est pas la première fois qu’Adani est mis en cause. En 2023, le fonds activiste américain Hindenburg Research l’avait accusé de “manipulation éhontée” des cours de bourse et de “fraude comptable sur plusieurs décennies”. Des allégations qui, bien que contestées, avaient fait perdre 150 milliards de dollars de capitalisation à son groupe et divisé par 5 sa fortune.
Avec ces nouvelles accusations de pots-de-vin portées par la justice américaine, Gautam Adani se retrouve à nouveau dans la tourmente. Cet homme discret qui se décrit comme “timide” saura-t-il faire face à ce scandale d’une ampleur inédite ? Au-delà de son cas personnel, c’est tout un système de collusion entre milieux d’affaires et politiques en Inde qui pourrait être mis en lumière. Affaire à suivre…