Alors que le conflit en Ukraine entre dans sa troisième année, l’ampleur du bilan humain de cette guerre reste encore largement méconnue du grand public. Sur la place centrale de Kiev, un mémorial improvisé rend hommage aux nombreux soldats ukrainiens tombés au combat, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Au total, ce sont des centaines de milliers, voire jusqu’à un million de personnes qui auraient perdu la vie ou été blessées selon les estimations, sans compter les dizaines de milliers de disparus.
Des pertes militaires tenues secrètes
Que ce soit du côté ukrainien ou russe, les bilans des pertes militaires demeurent secrets et parcellaires. Le président Zelensky a évoqué plus de 46 000 soldats ukrainiens tués et quelque 380 000 blessés, tandis que la Russie n’a plus communiqué sur le sujet depuis l’automne 2022. Certains médias occidentaux, sur la base de sources confidentielles, avancent des chiffres allant de 50 000 à 100 000 morts au combat côté ukrainien.
Des projets indépendants tentent d’y voir plus clair en se basant sur des sources ouvertes comme les faire-parts de décès. Ils ont ainsi pu identifier près de 91 000 soldats russes tués. Et selon d’anciennes déclarations du secrétaire américain à la Défense, le bilan pourrait atteindre les 700 000 militaires russes morts ou blessés. À cela s’ajouteraient entre 1 100 et 3 000 soldats nord-coréens venus combattre aux côtés des forces de Moscou.
Une tragédie pour les civils
Du côté des victimes civiles, les chiffres restent tout aussi imprécis et incomplets. D’après le président ukrainien, Vladimir Poutine aurait « tué des dizaines de milliers de civils ». Mais faute d’accès aux territoires occupés par la Russie, là où se trouveraient la majorité des corps selon Kiev, le décompte exact est impossible. La mission de l’ONU chargée de surveiller les droits humains en Ukraine a pu identifier 12 500 civils tués et plus de 28 000 blessés, tout en soulignant que le bilan réel est probablement bien supérieur.
Certaines villes martyres comme Marioupol auraient à elles seules perdu des dizaines de milliers d’habitants. Les autorités locales évoquent entre 20 000 et 80 000 tués lors du terrible siège qu’a subi la cité au début de l’invasion. Selon une source proche de la présidence ukrainienne, la vérité ne sera connue que lorsque l’Ukraine pourra accéder aux fosses communes situées dans les zones sous contrôle russe.
Le drame des personnes disparues
Autre conséquence dramatique du conflit : les disparitions. Le Comité international de la Croix-Rouge traite actuellement environ 50 000 dossiers de civils ou combattants portés disparus des deux côtés. Mais ce n’est sans doute que « la partie émergée de l’iceberg » selon le porte-parole de l’organisation. Les autorités ukrainiennes ont de leur côté enregistré plus de 63 000 personnes disparues dans un registre national. La Russie, elle, reste muette sur le sujet bien qu’une vice-ministre de la Défense ait évoqué avoir reçu 48 000 demandes de tests ADN de la part de familles de soldats russes cherchant un proche.
Ce conflit a un impact humain absolument effroyable et le pire est que l’on est loin d’en mesurer toute l’ampleur.
Une source diplomatique occidentale
Près de trois ans après le début de l’invasion russe, le bilan humain de cette guerre reste donc en grande partie inconnu. Mais une chose est sûre : il se chiffre en centaines de milliers de vies brisées. Un terrible drame humain qui risque de peser encore longtemps sur l’Ukraine et ses habitants. La communauté internationale appelle à tout faire pour mettre fin à ce conflit dévastateur et permettre enfin de mesurer l’étendue de ses conséquences tragiques sur les populations.
