Dans les ruelles dévastées de Metula, ville israélienne frontalière du Liban, les stigmates d’une guerre qui dure depuis plus d’un an sont omniprésents. Maisons éventrées, impacts de roquettes sur la chaussée, véhicules calcinés… Tel est le paysage désolant qui s’offre aux rares visiteurs autorisés à pénétrer dans cette zone militaire fermée. Pourtant, derrière ce décor apocalyptique se cache une volonté farouche de reconstruire et de retrouver une vie normale.
Une ville fantôme meurtrie par les bombardements
Depuis le 8 octobre 2023, date à laquelle le Hezbollah libanais a commencé à pilonner Israël en représailles à une attaque du Hamas à Gaza, Metula s’est vidée de ses 2000 habitants. Seuls quelques irréductibles comme David Azoulai, le chef du conseil régional, sont restés pour gérer les affaires courantes depuis un bunker servant de centre opérationnel.
Selon lui, Metula est la ville “la plus bombardée” de la région, avec plus de 350 maisons et bâtiments municipaux entièrement détruits, soit 60% de la ville réduite en poussière par les tirs nourris du mouvement chiite. Une situation critique qui a poussé plus de 60.000 personnes à fuir le nord d’Israël.
Les roquettes ont été fabriquées en Iran, Russie et Corée du Nord.
David Azoulai, chef du conseil régional de Metula
Des habitants déracinés qui rêvent de rentrer
Pour les résidents de Metula comme Galit Yosef, 60 ans, le déchirement est immense. Evacuée de sa maison le 16 octobre dernier, cette ex-employée municipale n’y est retournée que quelques fois, pour constater l’ampleur des dégâts. “Il n’y a plus rien”, se désole-t-elle, évoquant un domicile touché à plusieurs reprises avant d’être ravagé par les flammes.
Comme elle, famille, amis et voisins ont dû se résoudre à quitter un à un la ville, au gré des bombardements incessants. Relogés loin de chez eux, à l’image de Galit installée à Tibériade, leur désir de revenir reste intact, notamment pour les plus anciens. Mais la peur pourrait en dissuader certains, surtout les familles avec de jeunes enfants.
L’armée israélienne en action pour sécuriser la frontière
Pour permettre aux habitants de retrouver leurs foyers, Israël a lancé fin septembre une opération militaire au Liban visant à éradiquer la présence du Hezbollah sur une bande d’environ 35km au-delà de la frontière. Une offensive censée éliminer la menace des combattants chiites, mais qui attise les tensions dans une région sur le qui-vive.
Malgré ce regain de violence, le gouvernement se veut rassurant et promet un retour à la normale dès que la sécurité sera rétablie durablement. Un vœu pieux pour l’heure au regard des tirs récents qui ont coûté la vie à un agriculteur et quatre ouvriers étrangers, rappelle Aviv, un habitant membre d’une milice civile. “C’est quelque chose que je ne peux tout simplement pas décrire”, confie-t-il encore marqué.
La reconstruction, un chemin long et coûteux
Conscients que la guerre sera longue, les autorités locales se projettent déjà dans “l’après”, avec la ferme intention de rebâtir ce qui a été détruit. “Ce ne sera pas facile de reconstruire Metula, mais nous la reconstruirons”, assure David Azoulai qui estime le retour à la vie d’avant à plusieurs années. Un défi titanesque qui nécessitera un investissement massif au regard de l’ampleur des dégâts.
En attendant ce jour, les rares vestiges de la ville meurtrie sont précieusement conservés, à l’image des morceaux de roquettes récupérés çà et là. Des pièces de “collection” exposées dans le bunker de la mairie, seul bâtiment encore debout dans ce paysage de désolation. Un musée de guerre improvisé qui raconte le lourd tribut payé par Metula dans un conflit qui est loin d’avoir livré son dernier mot.