Le vent du changement souffle sur le Liberia. Pour la première fois, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour lutter contre la corruption endémique qui gangrène le pays depuis des années. L’Agence de la fonction publique (CSA) a gelé les salaires de 216 hauts fonctionnaires sur les 457 qui avaient été suspendus la semaine dernière par le président Joseph Boakai pour n’avoir pas déclaré leur patrimoine comme l’exige la loi.
Une mesure sans précédent
C’est un véritable coup de tonnerre dans le paysage politique libérien. Jamais auparavant un gouvernement n’avait osé s’attaquer ainsi à la corruption qui gangrène toutes les strates de l’administration. Selon une source proche du dossier, les salaires et avantages de ces 216 fonctionnaires ont été suspendus pour un mois ou jusqu’à ce qu’ils régularisent leur situation auprès de l’Agence anti-corruption (LACC).
Le directeur général de la CSA, Josiah Joekai, a affirmé qu’environ 204.000 dollars avaient ainsi été économisés grâce à ce gel des rémunérations. Une somme non négligeable que l’agence souhaite voir allouée à des projets de développement.
Le début d’une nouvelle ère ?
Cette action sans précédent marque-t-elle le début d’une nouvelle ère dans la lutte contre la corruption au Liberia ? Beaucoup l’espèrent, à commencer par le président Boakai lui-même, élu en novembre 2023 sur la promesse de s’attaquer à ce fléau qui mine le développement du pays.
Mais la tâche s’annonce ardue. Le Liberia, petit pays d’Afrique de l’Ouest de 5 millions d’habitants, peine à se remettre de années de guerres civiles et d’une terrible épidémie d’Ebola. Selon Transparency International, il se classe au 135e rang sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption.
Des hauts fonctionnaires dans le viseur
Et les hauts fonctionnaires sont loin d’être exemplaires. Début août, la présidente de la Société pétrolière nationale du Liberia (NOCAL), Rostalyn Suakoko Dennis, a elle aussi été suspendue par le président Boakai pour des soupçons de malversations. Une enquête est en cours.
Pour beaucoup d’observateurs, ces premières sanctions doivent marquer un tournant dans la gouvernance du pays. Il est temps que les élites dirigeantes, souvent promptes à s’enrichir sur le dos de la population, rendent enfin des comptes.
Un combat de longue haleine
Mais le chemin sera long. Il faudra du courage politique et une volonté sans faille pour s’attaquer aux racines de la corruption. Cela passera par un renforcement des institutions de contrôle comme la LACC, mais aussi par une réforme en profondeur de l’administration et une revalorisation des salaires des fonctionnaires pour limiter les tentations.
Le gouvernement devra aussi s’assurer que ces premières sanctions ne restent pas lettre morte et que les fonctionnaires épinglés régularisent effectivement leur situation. Sinon, ce coup d’éclat risque de ne rester qu’un feu de paille.
Un signal fort attendu par la population
Quoi qu’il en soit, pour la population libérienne si souvent déçue par ses dirigeants, ce premier acte de fermeté est un signal fort et porteur d’espoir. Il montre qu’avec de la volonté politique, le changement est possible.
Reste à savoir si le président Boakai et son gouvernement iront jusqu’au bout de leur logique. Les Libériens, qui aspirent à plus de transparence et de justice, observeront avec attention les prochains mois. L’avenir du Liberia est peut-être en train de s’écrire.