Alors que les violences entre Israël et le Hezbollah libanais ont fait plus de 3 500 morts depuis fin 2023, les négociations pour un cessez-le-feu piétinent. Mercredi, le chef du Hezbollah Naïm Qassem a réaffirmé avec force la ligne rouge de son mouvement : pas question d’accepter un accord qui violerait « la souveraineté » du Liban.
Cette mise en garde survient alors qu’un émissaire américain, Amos Hochstein, multiplie les navettes entre Beyrouth et Tel-Aviv pour tenter d’arracher un cessez-le-feu. Mais les positions restent pour l’heure irréconciliables. Côté israélien, on exige de conserver une « liberté d’action » contre le Hezbollah en cas de violation de l’accord. Une condition jugée inacceptable par le mouvement chiite.
Israël ne peut pas nous imposer ses conditions. L’ennemi israélien ne peut pas pénétrer quand il le veut en territoire libanais en cas de cessez-le-feu.
Naïm Qassem, chef du Hezbollah
Le Spectre D’Une Escalade Militaire
Malgré les efforts diplomatiques, le risque d’une nouvelle flambée de violences reste élevé. Le Hezbollah a d’ores et déjà prévenu qu’il riposterait en visant « le centre de Tel-Aviv » si Israël bombardait à nouveau le cœur de Beyrouth, comme ce fut le cas dimanche et lundi.
Cette escalade verbale fait craindre le pire, alors que le bilan humain des affrontements ne cesse de s’alourdir. Depuis octobre 2023, plus de 3 540 personnes ont été tuées des deux côtés. Selon la source proche du dossier, Israël a perdu 79 militaires et 46 civils, le reste étant des combattants du Hezbollah.
Une Médiation Américaine Sous Pression
Face à cette situation explosive, la diplomatie américaine joue son va-tout. L’émissaire Amos Hochstein a rencontré à deux reprises le président du parlement libanais Nabih Berri, considéré comme le canal de communication avec le Hezbollah. Selon une source proche, les propositions américaines ont été annotées côté libanais avant d’être transmises à Israël.
Mais obtenir un accord semble extrêmement difficile. Pour le chef du Hezbollah, tout est entre les mains d’Israël et de son Premier ministre Benyamin Netanyahu. Reste à savoir si ce dernier est prêt à des concessions, lui qui a bâti sa carrière politique sur une ligne dure envers l’ennemi libanais.
Un Conflit Aux Lourdes Conséquences
Au-delà des pertes humaines, ce nouveau cycle de violences a un impact désastreux sur la situation au Liban. Le pays traverse déjà une crise économique et sociale sans précédent. Les infrastructures civiles, déjà exsangues, sont directement visées par les frappes israéliennes.
Sur le plan politique aussi, le conflit renforce les divisions. Le Hezbollah, poids lourd sur l’échiquier intérieur, sort renforcé aux yeux d’une partie de l’opinion pour son combat contre Israël. Mais sa main mise sur les décisions stratégiques du pays est plus que jamais décriée par ses adversaires.
Le Liban est pris en otage par le Hezbollah et son aventurisme militaire. Il est temps de construire un État pour tous les libanais, pas une base arrière de l’Iran.
Un opposant politique libanais
Une Paix Durable Encore Lointaine
Même en cas de cessez-le-feu, peu d’analystes croient à une paix durable entre Israël et le Hezbollah. Les contentieux sont trop nombreux, les rancœurs trop profondes. Au cœur des crispations, le sort des colonies juives en territoire libanais et le tracé des frontières, contesté de part et d’autre.
Dans ce contexte, un énième cessez-le-feu ne serait qu’un répit de courte durée. Seul un règlement politique d’ensemble, impliquant toutes les parties prenantes, pourrait sortir la région de l’engrenage de la violence. Mais ce scénario semble aujourd’hui bien lointain. En attendant, les armes continuent de parler.