Près d’un mois après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu précaire entre Israël et le Hezbollah, le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé lundi la France et les États-Unis à intensifier la pression sur l’État hébreu pour qu’il accélère le retrait de ses troupes du sud du Liban. Une demande urgente face à la multiplication des violations de la trêve par les deux camps, sur fond de tensions persistantes.
Un processus de retrait à accélérer
Lors d’une tournée dans le sud du pays, le chef du gouvernement libanais s’est exprimé depuis la localité de Khiam, soulignant la nécessité pour l’armée de pouvoir « accomplir pleinement ses missions ». Pour cela, M. Mikati a estimé que le comité de surveillance du cessez-le-feu, composé du Liban, d’Israël, de la France, des États-Unis et de la force de l’ONU (Finul), devait « faire pression sur l’ennemi israélien pour mettre fin à toutes les violations ».
Dans le cadre de l’accord de trêve entré en vigueur le 27 novembre après deux mois d’affrontements, l’armée libanaise et les casques bleus de l’ONU sont censés se déployer dans le sud du Liban tandis que l’armée israélienne doit s’en retirer sous 60 jours. Or selon le Premier ministre libanais, « le retard et les tergiversations (…) proviennent de la partie israélienne, qui traîne des pieds ». D’où son appel à faire pression sur « les parties engagées dans l’accord, à savoir les Français et les Américains, pour accélérer le processus, avant l’expiration du délai ».
Démarcation des frontières et reconstruction
Outre l’accélération du retrait israélien, M. Mikati a exprimé sa volonté de résoudre « toutes les divergences concernant la Ligne bleue », cette démarcation fixée par l’ONU entre les deux pays, « afin qu’il n’y ait aucune justification à toute occupation israélienne ». L’agence nationale d’information libanaise a d’ailleurs rapporté lundi que l’armée israélienne poursuivait ses « attaques » dans le sud, hissant même « le drapeau israélien » sur une colline frontalière.
Enfin, le Premier ministre libanais a affirmé travailler avec « la Banque mondiale, l’Union européenne, les pays arabes et nos partenaires internationaux, pour créer un fonds » dédié à la reconstruction de tout ce qui a été détruit dans le sud du Liban durant ce conflit. Un défi de taille, au vu de l’ampleur des dégâts, mais crucial pour rétablir des conditions de vie décentes pour les populations meurtries par les combats.
Un cessez-le-feu fragile sur fond de tensions
Si l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre dernier a permis de mettre fin à deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, mouvement chiite pro-iranien, la situation demeure très précaire. Les deux camps s’accusent en effet mutuellement de violations répétées de la trêve. Une situation explosive qui fait craindre une reprise des hostilités à tout moment.
D’après des sources proches du dossier, l’armée libanaise a commencé à se déployer autour de la localité de Khiam dès le 11 décembre, en coordination avec la Finul, après un premier retrait des troupes israéliennes. Mais le processus reste laborieux et parsemé d’obstacles, attisant les tensions. Dans ce contexte, l’appel du Premier ministre libanais à une implication plus forte de la communauté internationale, et notamment de la France et des États-Unis, apparaît comme une tentative de donner un coup d’accélérateur à une désescalade qui tarde à se concrétiser.
La communauté internationale en première ligne
Au-delà du comité de surveillance du cessez-le-feu, la France et les États-Unis ont un rôle crucial à jouer dans la résolution de ce conflit qui déstabilise le Liban et toute la région depuis des décennies. Leur influence diplomatique et leurs leviers économiques et militaires peuvent contribuer à faire pression sur Israël pour qu’il respecte ses engagements et accélère son retrait.
Il est temps pour la communauté internationale de prendre ses responsabilités et d’agir concrètement pour stabiliser le sud du Liban. Chaque jour qui passe sans avancée sur le terrain est une opportunité de plus pour les extrémistes des deux bords de remettre en cause le processus de paix.
Un diplomate occidental basé à Beyrouth
Mais les défis restent immenses, entre rivalités géopolitiques, jeux d’influence régionaux et crispations identitaires de part et d’autre de la frontière. La France, ancienne puissance mandataire au Liban, et les États-Unis, allié stratégique d’Israël, devront naviguer avec finesse dans ce contexte explosif pour favoriser une désescalade durable. Un exercice d’équilibriste qui exigera détermination, patience et créativité diplomatique.
Sur le terrain, chaque geste compte pour créer les conditions d’une normalisation. Le déploiement de l’armée libanaise et des casques bleus, la démarcation précise de la Ligne bleue, le démantèlement des positions militaires, mais aussi la reconstruction et l’aide aux populations sont autant de signaux concrets d’un retour progressif à la paix. Une paix indispensable pour offrir un avenir à ce pays meurtri, mais qui reste plus que jamais à construire.