Alors qu’un fragile cessez-le-feu est entré en vigueur au Liban après 13 mois d’affrontements entre Israël et le Hezbollah, les compagnies aériennes européennes font preuve de prudence. L’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) vient en effet de prolonger ses recommandations d’éviter le survol du Liban et de l’Iran, jugeant la situation au Moyen-Orient encore trop incertaine.
Un Moyen-Orient sous haute surveillance aérienne
Bien que les armes se soient tues au sud du Liban, l’AESA estime que les risques pour le trafic aérien demeurent élevés dans la région. Dans son dernier bulletin, l’agence recommande ainsi aux transporteurs de l’UE de contourner l’espace aérien libanais et iranien jusqu’au 31 janvier 2025 au moins.
Concernant l’Iran, l’AESA pointe du doigt les tensions persistantes après les attaques israéliennes du mois d’octobre et les menaces de représailles brandies par Téhéran. Le risque d’escalade militaire rend le survol du pays particulièrement déconseillé.
Des doutes sur les capacités du Liban à sécuriser son ciel
De son côté, le Liban peine à rassurer sur sa capacité à gérer les dangers dans son espace aérien et à mettre en œuvre une approche efficace de désescalade, selon l’agence. Les destructions massives causées par les affrontements avec Israël ont fortement dégradé les infrastructures du pays.
L’État libanais n’a pas démontré sa capacité à répondre aux dangers dans l’espace aérien en mettant en œuvre une approche efficace et proactive de désescalade.
AESA
Israël, un cas à part sous étroite surveillance
Israël échappe en revanche à ces recommandations d’évitement, l’AESA reconnaissant à l’aviation civile israélienne sa capacité à gérer les risques. Les vols au-dessus du pays sont toutefois soumis à un « processus de surveillance rigoureux ».
Des recommandations non contraignantes mais suivies
Si ces recommandations ne sont pas juridiquement contraignantes, la décision finale de survol revenant aux autorités nationales, elles sont en pratique largement suivies par les compagnies. Peu sont prêtes à prendre le risque d’exposer leurs appareils et leurs passagers dans une zone de conflit.
L’AESA promet de continuer à suivre de près l’évolution de la situation pour adapter ses consignes. Mais le retour à la normale pour le trafic aérien au Moyen-Orient n’est pas pour demain. Le cessez-le-feu au Liban reste fragile et la méfiance domine dans une région où les tensions sont vives.
Un coup dur pour le transport aérien
Ces restrictions de survol représentent un véritable casse-tête pour les compagnies aériennes. Outre le manque à gagner lié à la suspension des liaisons, les transporteurs doivent rallonger leurs routes pour contourner les zones interdites, ce qui alourdit leur facture de carburant.
C’est un coup dur supplémentaire pour un secteur aérien déjà mal en point après la crise du Covid-19. Mais la sécurité est à ce prix. Tant que la stabilité ne sera pas revenue au Moyen-Orient, les avions devront continuer à slalomer entre les zones de tensions.
Les voyageurs impactés mais compréhensifs
Pour les voyageurs, ces recommandations se traduisent par des temps de trajet rallongés et parfois des annulations de vols. Un désagrément supplémentaire après une période déjà compliquée pour le transport aérien.
Mais la plupart comprennent la nécessité de ces mesures de précaution. La sécurité prime sur les considérations de temps et de confort. Mieux vaut arriver tard que de prendre des risques inconsidérés dans un ciel encore chargé de menaces.
Vers une normalisation progressive ?
L’entrée en vigueur du cessez-le-feu au Liban et les fragiles avancées diplomatiques laissent poindre l’espoir d’une normalisation progressive de la situation. Mais le chemin sera long et semé d’embûches.
D’ici là, l’espace aérien du Moyen-Orient restera une zone sous haute surveillance pour les compagnies aériennes européennes. Un dossier épineux qui figurera encore longtemps en haut de la pile sur le bureau des responsables de l’AESA.