L’inflammation est un processus complexe impliqué dans de nombreuses maladies chroniques. Beaucoup pensent que les produits laitiers sont des aliments pro-inflammatoires à bannir, mais qu’en est-il vraiment ? Carolyn Williams, Docteur en nutrition, apporte un éclairage scientifique sur cette question et donne des conseils pour une alimentation anti-inflammatoire.
Le lait, un aliment inflammatoire ?
Certains nutriments présents dans le lait, comme les graisses saturées, sont réputés pour favoriser l’inflammation dans l’organisme. D’après plusieurs études, les graisses saturées seraient même le principal facteur alimentaire contribuant au développement des maladies cardiovasculaires et d’autres pathologies chroniques, via l’inflammation qu’elles génèrent.
Pourtant, lorsque les chercheurs ont analysé spécifiquement les effets de la consommation de produits laitiers sur les marqueurs de l’inflammation, leurs conclusions étaient surprenantes. Contrairement aux idées reçues, la consommation de produits laitiers serait en réalité associée à une diminution du risque d’inflammation, et ce indépendamment de leur teneur en matières grasses (produits allégés ou non).
Bien que les graisses saturées ne soient peut-être pas aussi nocives et inflammatoires qu’on le pensait, cela ne signifie pas pour autant qu’on puisse en consommer à volonté, surtout en cas de diabète de type 2 ou de risque cardiovasculaire accru.
Carolyn Williams, Docteur en nutrition
Les probiotiques du yaourt, des alliés anti-inflammatoires
Améliorer la santé intestinale est essentiel pour réduire l’inflammation globale dans l’organisme. Et pour cela, rien de tel que de consommer régulièrement des probiotiques, ces « bonnes » bactéries aux multiples bienfaits santé :
- Renforcement du système immunitaire
- Amélioration de l’intégrité de la paroi intestinale (moins perméable aux composés inflammatoires)
- Diminution du passage des toxines et autres irritants dans la circulation sanguine
Or, les aliments fermentés comme le yaourt ou le kéfir sont naturellement riches en probiotiques. Des recherches ont montré que la consommation régulière de produits laitiers fermentés permettait de réduire les marqueurs de l’inflammation dans le corps, probablement en améliorant la santé du microbiote intestinal.
Allergie au lait ou intolérance au lactose ?
Si la grande majorité des gens tolère bien le lait, certains doivent l’éviter pour des raisons médicales :
L’allergie au lait touche une petite partie de la population, allergique à la caséine (protéine du lait). Chez ces personnes, la consommation de lait déclenche une réaction inflammatoire immunitaire, d’intensité variable. L’éviction du lait et de tous les produits laitiers est alors nécessaire.
À ne pas confondre avec l’intolérance au lactose, un trouble digestif bénin lié à un déficit en lactase, l’enzyme qui digère le lactose (sucre du lait). Les intolérants au lactose souffrent de troubles digestifs type ballonnements, diarrhées, après avoir bu du lait, mais cela n’a rien à voir avec une réaction inflammatoire. Beaucoup arrivent à consommer des petites quantités de lait sans problème.
Lait et sensibilité alimentaire
Un autre débat concerne les sensibilités alimentaires. L’hypothèse est que l’inflammation chronique rendrait certaines personnes hypersensibles au lait, sans qu’il y ait allergie avérée. Un régime d’éviction temporaire du lait et d’autres aliments potentiellement irritants, prescrit par un médecin, permettrait de faire diminuer l’inflammation.
Une fois l’inflammation apaisée, une réintroduction progressive du lait permettrait de tester sa tolérance. Beaucoup s’aperçoivent qu’ils supportent à nouveau le lait une fois que leur corps n’est plus en « hypersensibilité » inflammatoire.
En conclusion
Sauf allergie avérée, les données scientifiques actuelles ne permettent pas d’affirmer que le lait est un aliment pro-inflammatoire en soi. Au contraire, certains produits laitiers comme les yaourts semblent avoir des propriétés anti-inflammatoires intéressantes de par leur teneur en probiotiques.
En cas d’inflammation chronique, un régime d’éviction temporaire (sans lait ni gluten) peut aider à « mettre au repos » l’organisme avant de tester sa tolérance. L’important est de composer une alimentation anti-inflammatoire équilibrée et personnalisée avec l’aide d’un professionnel de santé.