Au cœur de l’océan Indien, le lagon de Mayotte, véritable joyau de biodiversité marine, vient de subir un coup dur. Le passage dévastateur du cyclone Chido mi-décembre a laissé des traces profondes sur cet écosystème unique au monde, fragilisant notamment ses exceptionnels récifs coralliens.
Des coraux durement touchés
D’après les premières constatations des agents du Parc naturel marin de Mayotte, les dégâts sont considérables sur certaines parties des récifs, en particulier celles les plus exposées à la houle cyclonique. Donatien Pelourdeau, spécialiste des milieux marins, témoigne avec émotion :
Il y a beaucoup, beaucoup de coraux détruits. L’expression qui revient, c’est : décapé. Même si on s’en doutait, ça fait mal au cœur.
Des sites sous-marins emblématiques comme le Tombant des Aviateurs ou l’extérieur de la Passe en S ont été sévèrement touchés. Coraux, éponges, gorgones… plus rien ne subsiste dans certaines zones.
Un bilan à affiner
Cependant, Annabelle Djeribi, directrice déléguée du Parc, tempère : à ce stade, impossible de tirer des conclusions définitives. Si certains endroits sont totalement dévastés, d’autres semblent avoir été préservés. Les équipes scientifiques vont maintenant mener des suivis approfondis pour évaluer précisément l’ampleur des dommages.
Un rôle protecteur vital
Malgré ces destructions, les récifs coralliens et les mangroves ont joué un rôle essentiel en faisant rempart face au cyclone. Mme Djeribi souligne que sans ces écosystèmes en bonne santé, les effets à terre auraient été encore plus dévastateurs. La houle de 9 mètres à l’extérieur du lagon a ainsi été réduite à 5,5 mètres à l’intérieur grâce à la barrière de corail.
Laisser le temps à la nature de se régénérer
Face à ce constat, les spécialistes insistent sur l’importance de laisser le temps aux récifs et aux mangroves de se reconstituer. Déjà fragilisés par les effets du phénomène El Niño en 2024, qui avait provoqué un important blanchissement, les coraux doivent maintenant pouvoir cicatriser leurs plaies.
Les équipes du Parc se disent particulièrement vigilantes sur les menaces chroniques pesant sur le milieu marin, comme l’envasement dû à l’agriculture et aux constructions, le braconnage ou les déchets. Le plan de reconstruction de Mayotte suite au cyclone sera aussi observé de près, afin de s’assurer qu’il ne porte pas atteinte à ces écosystèmes précieux.
Un trésor à préserver coûte que coûte
Avec ses 760 espèces de poissons, 24 espèces de mammifères marins et 5 espèces de tortues, le lagon de Mayotte est un véritable sanctuaire naturel. L’archipel abrite à lui seul 300 des quelques 900 espèces de coraux recensées dans le monde. Un patrimoine exceptionnel qu’il est plus que jamais vital de protéger et de restaurer, pour les générations actuelles et futures.
Le chemin de la régénération sera long pour le lagon de Mayotte suite au passage du cyclone Chido. Mais grâce à la mobilisation des acteurs locaux et à une prise de conscience collective, ce joyau pourra, espérons-le, retrouver tout son éclat. Un trésor vivant à chérir et à préserver, pour le bien de la biodiversité et de l’humanité.