À quelques semaines des élections législatives britanniques du 4 juillet, le chef du parti travailliste Keir Starmer crée la surprise en promettant de faire baisser l’immigration au Royaume-Uni s’il accède au pouvoir. Une prise de position inédite pour ce grand favori du scrutin, qui marque un tournant dans son positionnement sur ce sujet sensible.
Un engagement fort pour contrôler les frontières
Alors que son parti devance d’une vingtaine de points les conservateurs du Premier ministre Rishi Sunak dans les sondages, Keir Starmer a décidé de muscler son discours sur l’immigration. Dans une interview au tabloïd The Sun, l’ancien avocat spécialiste des droits humains a déclaré sans ambages : «Je ferai baisser les chiffres de l’immigration».
Je vous ferai cette promesse : je contrôlerai nos frontières et ferai en sorte que les entreprises britanniques soient aidées à embaucher en premier des Britanniques.
– Keir Starmer, chef du parti travailliste
Concrètement, le Labour entend interdire aux patrons qui enfreignent la législation sur le travail d’embaucher des salariés venant de l’étranger. Il veut aussi obliger les secteurs qui demandent des visas de travail pour les étrangers à former des Britanniques à ces emplois en tension.
Que disent les chiffres sur l’immigration ?
Selon les statistiques officielles, l’immigration nette s’est élevée à 685.000 personnes supplémentaires en 2023 au Royaume-Uni. C’est le deuxième niveau le plus élevé, juste après le record atteint l’année précédente avec 764.000 personnes.
En dénonçant «l’échec» des Tories à tenir leurs engagements passés de réduction, Keir Starmer entend bien marquer des points sur un thème cher à l’électorat britannique. Une stratégie qui pourrait cependant lui attirer les foudres de l’aile gauche de son camp.
Le dossier explosif du Rwanda
Autre rupture annoncée : en cas de victoire, Keir Starmer abandonnerait immédiatement le projet très controversé des conservateurs d’expulser vers le Rwanda les migrants en situation irrégulière. Un dossier explosif qui cristallise les tensions.
Avec ces prises de position fermes, le chef du Labour espère convaincre les Britanniques de lui «confier les clés» de Downing Street le 4 juillet. Mais en empiétant ainsi sur le terrain traditionnel des Tories, il prend le risque de s’aliéner une partie de ses troupes. Un pari risqué à l’approche du vote.