Perché sur une colline stratégique en Syrie, le majestueux Krak des Chevaliers porte encore les stigmates des violents combats qui ont ravagé le pays. Mais le directeur de ce joyau architectural, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, veut croire en des jours meilleurs. Il espère réunir les fonds nécessaires pour redonner à cette forteresse médiévale emblématique sa splendeur d’antan.
Construit au XIIe siècle par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, un ordre catholique militaire, le Krak des Chevaliers est considéré comme l’un des châteaux forts les mieux préservés au monde. Mais pendant la guerre civile qui a éclaté en Syrie en 2011, le site a été le théâtre d’affrontements acharnés entre rebelles et forces gouvernementales, subissant d’importants dégâts.
L’espoir d’une restauration après la chute du régime
Avec la chute du président Bachar el-Assad le 8 décembre dernier et l’arrivée au pouvoir d’une coalition menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), le directeur du Krak des Chevaliers, Hazem Hanna, veut croire à un renouveau. « Nous sommes dans une période de reconstruction et nous espérons recevoir les ressources nécessaires pour restaurer ce qui a été endommagé », a-t-il déclaré.
La position stratégique de la forteresse, dominant la région de Homs, en avait fait un enjeu clé pendant la guerre. Conquise par les rebelles en 2012, elle avait finalement été reprise en 2014 par les troupes d’Assad au terme de violents combats. L’église et la Grande salle, célèbre pour son architecture gothique, avaient notamment été touchées.
Un chantier interrompu par le Covid
Des travaux de restauration avaient été lancés après la reprise du site, mais ils ont dû être interrompus avec la pandémie de Covid-19. Les restrictions sanitaires ont aussi fait chuter la fréquentation touristique du Krak, qui n’avait rouvert ses portes qu’en 2018.
Un patrimoine syrien en péril
En 2013, en pleine guerre civile, l’Unesco avait placé le Krak des Chevaliers, mais aussi les ruines de Palmyre et la vieille ville d’Alep sur sa liste du patrimoine en péril. De nombreux sites historiques syriens ont en effet payé un lourd tribut au conflit.
Le défi du financement
Si le Krak a réchappé à une destruction totale, sa restauration s’annonce comme un défi colossal. Dans un pays dévasté par une décennie de guerre et frappé de plein fouet par une crise économique sans précédent, réunir les fonds nécessaires sera une gageure.
Hazem Hanna en est conscient, mais il veut garder espoir. Pour lui, la restauration du Krak est un symbole fort, celui d’une possible renaissance après les années noires. Un message d’espérance pour le patrimoine syrien et pour tout un peuple qui aspire à tourner la page de la guerre.
Nous sommes déterminés à redonner vie à ce lieu chargé d’histoire. Le Krak des Chevaliers est un trésor pour l’humanité, il mérite de retrouver sa gloire passée.
Hazem Hanna, directeur du Krak des Chevaliers
Le défi est immense, mais la mobilisation est en marche. Des experts internationaux ont été sollicités pour épauler l’équipe syrienne. L’Unesco a promis son soutien. Peu à peu, pierre après pierre, le Krak pourrait renaître de ses cendres et redevenir le joyau qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
Un symbole de la résilience syrienne
Au-delà d’un simple monument, le Krak des Chevaliers incarne la résilience du peuple syrien. Malgré les épreuves, les blessures, ce géant de pierre est toujours debout, prêt à entamer une nouvelle page de son histoire millénaire.
Sa restauration serait un message d’espoir pour tout un pays qui cherche à se reconstruire. Un signe que même après les heures les plus sombres, la beauté et le patrimoine peuvent renaître. Le chemin sera long, semé d’embûches, mais chaque pierre remise en place sera une victoire contre l’oubli et la destruction.
Le Krak des Chevaliers n’est pas qu’un vulgaire tas de pierres. C’est une part de l’âme syrienne qui s’accroche et refuse de céder. Un héritage précieux que les générations futures ont le droit de connaître et d’admirer. Alors oui, il faut tout faire pour lui redonner sa splendeur.
Hazem Hanna et son équipe le savent. Leur combat ne fait que commencer, mais il en vaut la peine. Pour que le Krak des Chevaliers puisse continuer de raconter son histoire. Notre histoire. Contre vents et marées.