Dans un contexte de tensions géopolitiques et de transition énergétique, un accord majeur vient d’être conclu entre le Kazakhstan et la Suisse. Le géant kazakh de l’uranium, Kazatomprom, va pour la première fois approvisionner directement les centrales nucléaires helvétiques, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans les relations énergétiques entre ces deux pays.
Le Kazakhstan, un partenaire stratégique pour l’indépendance énergétique suisse
Avec plus de 40% de la production mondiale, le Kazakhstan domine largement le marché de l’uranium. Ce métal radioactif est le combustible indispensable des réacteurs nucléaires, qui fournissent près d’un tiers de l’électricité en Suisse. En signant un contrat d’approvisionnement direct avec Kazatomprom, l’énergéticien suisse Axpo sécurise donc une ressource clé à long terme.
Cet accord intervient à un moment charnière pour la Suisse. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les livraisons de gaz russe – jusque-là vitales en hiver – sont menacées. Dans le même temps, le pays alpin a décidé de relancer la construction de centrales nucléaires, interdite depuis 2018, pour assurer son indépendance énergétique et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. L’uranium kazakh apparaît donc comme la meilleure alternative au gaz russe.
Un contrat gagnant-gagnant
Pour le Kazakhstan, fournir la Suisse en uranium est une opportunité de diversifier ses débouchés et de renforcer sa position sur le marché européen. Le pays d’Asie centrale est déjà le 3ème fournisseur d’uranium naturel de l’UE. Avec ce nouveau contrat, il consolide ses parts de marché et son statut de partenaire énergétique fiable.
Côté suisse, l’accord avec Kazatomprom est un gage de stabilité pour la production électrique, à l’heure où le pays doit faire face à plusieurs défis :
- Le vieillissement de ses réacteurs nucléaires actuels
- La nécessité d’importer de l’électricité en hiver
- L’objectif ambitieux d’atteindre zéro émission nette en 2050
- Les incertitudes sur les approvisionnements gaziers depuis la Russie
En misant sur le nucléaire et l’uranium kazakh, la Suisse fait le pari d’une énergie décarbonée et sûre pour répondre à ses besoins, dans un contexte géopolitique tendu.
Un signal fort pour la coopération internationale
Au-delà de son importance énergétique, l’accord entre Kazatomprom et Axpo envoie un message politique. Il illustre la volonté des pays de bâtir de nouveaux partenariats pour relever ensemble les défis du réchauffement climatique et de la sécurité énergétique.
Cet accord permet d’assurer un approvisionnement énergétique stable pour la Suisse et contribue aux efforts mondiaux de décarbonisation.
Représentant d’Axpo
En unissant leurs forces, le Kazakhstan et la Suisse montrent l’exemple. Ils prouvent que la coopération internationale et la diversification des sources d’énergie sont des leviers puissants pour bâtir un avenir énergétique plus résilient et durable.
Des défis à relever ensemble
Bien sûr, la route vers la neutralité carbone ne sera pas sans embûches. Le nucléaire soulève encore des questions de sûreté et d’acceptabilité sociale, surtout depuis la catastrophe de Fukushima en 2011. La Suisse devra convaincre sa population du bien-fondé de construire de nouveaux réacteurs.
De son côté, le Kazakhstan devra veiller à ce que l’extraction d’uranium se fasse dans des conditions optimales pour l’environnement et les populations locales. Le pays a encore des progrès à faire en matière de normes et de transparence dans sa filière nucléaire.
Malgré ces défis, l’uranium kazakh a de beaux jours devant lui en Europe. Avec la Suisse, c’est un nouveau marché qui s’ouvre, preuve de la confiance des pays occidentaux dans ce partenaire énergétique émergent. Un signal positif à l’heure où le Kazakhstan cherche aussi à construire sa première centrale nucléaire sur son sol, avec l’aide de la Chine, de la Russie ou des pays européens.
Vers une coopération énergétique renforcée
L’accord entre Kazatomprom et Axpo ouvre un nouveau chapitre des relations énergétiques entre l’Europe et l’Asie centrale. Il démontre que face aux crises, les solutions passent par une coopération accrue entre pays producteurs et consommateurs, pour bâtir des chaînes d’approvisionnement résilientes et décarbonées.
À l’avenir, on peut imaginer que ces partenariats se multiplient et se renforcent. L’uranium kazakh a un rôle clé à jouer pour aider l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques, tout en réduisant sa dépendance au gaz russe. Les pays européens pourraient en retour aider le Kazakhstan à développer son industrie nucléaire de manière sûre et responsable, en partageant leur expertise.
C’est tout l’enjeu des prochaines années : bâtir une coopération énergétique gagnant-gagnant entre l’Europe et l’Asie, pour relever ensemble le défi climatique. L’accord sur l’uranium entre la Suisse et le Kazakhstan est un premier pas encourageant dans cette direction.