Gastronomie

Le jus de pomme pressé à la paille : une tradition ardennaise

À Margy, dans les Ardennes, on perpétue une tradition étonnante : le pressage du jus de pomme à la paille, dans un pressoir datant de 1640. Toute une journée de labeur pour raviver ce savoir-faire ancestral et réunir les habitants autour...

Dans le petit village de Margy, niché au cœur des Ardennes, le temps semble s’être arrêté. Ici, on perpétue encore une tradition aussi surprenante qu’ancestrale : le pressage du jus de pomme à la paille. Une méthode d’antan qui ravit les habitants de tous âges, heureux de se retrouver chaque année autour du vieux pressoir pour faire revivre ce savoir-faire unique.

Un pressoir vieux de près de 400 ans

Direction le plus ancien bâtiment du village, dont les meurtrières témoignent qu’on y cachait jadis un trésor. Et quel trésor ! Un majestueux pressoir datant de 1640, le dernier en France à fonctionner encore de cette manière. Un véritable vestige du passé, témoin de l’ingéniosité de nos aïeux.

Le principe est simple, mais demande beaucoup de main d’œuvre. On alterne des couches de pommes et de paille, comme l’explique un artisan local :

On va faire une couche de pommes, une couche de paille, et avec le poids dessus qu’on va tirer, ça ne bougera pas. La paille va également servir de drain pour que le jus puisse s’écouler.

2,5 tonnes de pommes et beaucoup de bras

Pendant des heures, Pascal et sa fille Faustine vont ainsi empiler les couches, comme on le faisait au 17ème siècle. Un travail de titan qui nécessite la mobilisation de tous les margitons, le surnom donné aux habitants de Margy. Jeunes et moins jeunes s’activent, certains pour broyer les pommes, d’autres pour les transporter jusqu’au pressoir.

Au final, ce sont près de 4 tonnes de pommes qui seront pressées. La grande roue est actionnée, enclenchant un système d’engrenages plusieurs fois centenaires. Avec une force de 10 kilos, c’est l’équivalent de 40 tonnes qui s’exerce sur le pressoir. Un spectacle impressionnant, sous le regard vigilant des anciens qui ont rénové ce patrimoine il y a 30 ans.

Quand le cheval remplace le moteur

Mais les surprises ne s’arrêtent pas là. Car pour actionner le mécanisme, on fait aussi appel à Utopie, une jument ardennaise de 17 ans. Un retour aux sources pour montrer comment fonctionnait le pressoir à l’époque, comme le raconte son propriétaire :

On en prend soin d’abord et on arrive à leur faire faire 2-3 heures de travail sans souci. L’ardennais est fait pour ça de toute façon.

1000 litres de jus et des habitants ravis

Au final, ce sont 1000 litres de jus qui seront mis en bouteille. Un jus à la saveur unique, avec un petit goût de paille et de tradition. De quoi ravir les papilles des habitants pour toute une année.

Plus qu’un simple pressoir, c’est tout un pan de l’histoire locale qui revit le temps d’une journée. L’occasion pour les margitons de se retrouver, de perpétuer un savoir-faire ancestral et de célébrer leur terroir. Une belle leçon de vie et de transmission, à l’heure où tout va toujours plus vite.

Alors la prochaine fois que vous dégusterez un jus de pomme, pensez à celui de Margy. Un jus pressé à la paille, comme au bon vieux temps. Un jus qui a le goût de l’authentique, du partage et de la convivialité. Un jus qui raconte toute une histoire, celle d’un village ardennais fier de ses racines.

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