Alors que résonnaient les cloches de la basilique Saint-Pierre en cette nuit de Noël, le pape François a donné le coup d’envoi de l’année sainte 2025, un temps fort pour l’Église catholique. Affaibli par l’âge et la maladie, c’est en fauteuil roulant que le souverain pontife argentin a franchi la Porte sainte, geste symbolique ouvrant ce jubilé placé sous le signe de l’espérance. Une image forte qui restera dans les annales de ce pontificat atypique.
34 millions de pèlerins attendus malgré un pape fragilisé
Au cours des 12 prochains mois, ce sont plus de 34 millions de fidèles qui sont attendus dans la cité éternelle pour ce rendez-vous spirituel et festif. Un afflux considérable qui représente un véritable défi logistique et sécuritaire pour le plus petit État du monde. Les célébrations, expositions, conférences et autres événements spéciaux se succéderont, donnant une visibilité mondiale à l’Église.
Pourtant, l’état de santé préoccupant du pape de 88 ans fait planer une ombre sur ce jubilé. Opéré du côlon en juillet 2021, souffrant de douleurs au genou l’obligeant à se déplacer en chaise roulante, François a dû lever le pied et renoncer à plusieurs voyages. De quoi alimenter les spéculations sur une éventuelle renonciation, comme son prédécesseur Benoît XVI en 2013.
« Le pape est en paix avec lui-même. Il sait qu’il peut compter sur l’Esprit saint pour gouverner l’Église »
a confié un proche du souverain pontife
Réforme inachevée de la curie romaine
Au-delà de sa santé vacillante, François doit aussi composer avec les résistances internes face à son projet de réforme de la curie, le gouvernement de l’Église. Son objectif affiché de décentralisation et de plus grande collégialité suscite des crispations parmi l’establishment ecclésial attaché à ses prérogatives. Le temps presse pour imprimer sa marque avant la fin de son pontificat.
Finances du Vatican dans le rouge
Autre dossier brûlant sur le bureau papal : les finances exsangues du Saint-Siège. Entre baisse des dons et dépenses de fonctionnement, le trou se creuse dangereusement dans les caisses. Sans compter les scandales à répétition qui ont éclaboussé la banque du Vatican (IOR) ces dernières années. Un vaste chantier de transparence et de rigueur budgétaire a été lancé, mais le chemin sera long pour assainir la situation.
L’Église face aux défis de la modernité
Plus globalement, l’Église se retrouve sous pression dans un monde en pleine mutation. Les questions sociétales comme le mariage homosexuel, l’avortement ou la fin de vie agitent les consciences catholiques. François s’efforce de maintenir l’équilibre entre doctrine immuable et main tendue aux « périphéries ». Un exercice périlleux qui soulève des oppositions, comme lors des synodes de la famille de 2014-2015.
« L’Église ne doit pas avoir peur d’évoluer, tout en restant fidèle à son message. C’est un signe des temps. »
a déclaré un évêque proche des idées du pape
Renouer le dialogue avec les autres confessions
Fidèle à sa ligne, le successeur de Saint Pierre mise aussi sur le dialogue interreligieux et œcuménique pour rapprocher les hommes de bonne volonté. Document sur la fraternité humaine signé avec le grand imam d’Al-Azhar, Déclaration commune avec le patriarche orthodoxe Bartholomée… Les gestes symboliques se multiplient, sans pour autant gommer les différences théologiques profondes.
Autant de chantiers qui attendent le pape jésuite en cette année sainte pas comme les autres. Entre héritage spirituel et enjeux d’avenir, François tient fermement la barre de l’Église. Une Église en marche, malgré le poids des années et des polémiques. L’histoire retiendra que même diminué physiquement, ce pape réformateur n’a jamais dévié de sa boussole : celle de l’Évangile et de la miséricorde.
