C’est un véritable raz-de-marée de haine qui s’est abattu sur Ethan Leys, 21 ans à peine et tout juste investi candidat du Rassemblement national pour les élections législatives à Roubaix. Depuis l’annonce de sa candidature vendredi dernier sur le réseau social X (ex-Twitter), le jeune homme au profil atypique fait l’objet d’un déferlement d’attaques d’une violence inouïe. Menaces de mort, appels au passage à tabac, divulgation de données personnelles… Rien ne lui est épargné. Face à ce qu’il qualifie de « véritable lynchage », l’étudiant tout juste diplômé de licence de droit a décidé de porter plainte pour « harcèlement et menaces de mort ».
Une campagne violente sur les réseaux sociaux
Tout a commencé par un simple tweet annonçant sa candidature dans la 8e circonscription du Nord, avec Wattrelos. Mais très vite, son jeune âge et son look de « blond aux yeux bleus » suscitent des réactions violentes, parfois teintées de références nauséabondes au nazisme. En moins de 24 heures, le tweet initial est repris et détourné plus de 1400 fois, souvent assorti de commentaires haineux et menaçants :
Si demain j’le croise à Roubaix (…) venez on l’fume.
D’après son entourage, certains internautes sont même allés jusqu’à contacter des proches du candidat pour tenter d’obtenir son adresse personnelle. Joshua Hochart, sénateur RN du Nord qui épaule Ethan Leys, parle d’une situation extrêmement préoccupante. Face à la violence des attaques, le jeune homme a dû se résoudre à bloquer ses comptes sur les réseaux sociaux.
Une plainte déposée, une enquête ouverte
Devant l’ampleur prise par ce déferlement de haine, Ethan Leys a donc décidé de saisir la justice. Une plainte a été déposée auprès du parquet de Lille et une enquête a été ouverte. Le préfet a également été alerté et se dit très attentif au dossier. Des patrouilles de police ont été mises en place autour du domicile du candidat RN par précaution, même s’il n’est pas formellement placé sous protection à ce stade.
Cette affaire met en lumière les dérives inquiétantes auxquelles peuvent mener les réseaux sociaux, où l’anonymat semble dédouaner certains de toute retenue. Ethan Leys paie-t-il sa jeunesse et son appartenance à un parti clivant et régulièrement décrié ? Toujours est-il que cette campagne de haine risque de peser sur sa campagne, déjà compliquée dans une circonscription ancrée à gauche :
On évitera au maximum de l’exposer. Forcément, la campagne s’en retrouvera diminuée.
Joshua Hochart, sénateur RN du Nord
Le difficile pari du RN à Roubaix
Car la bataille s’annonce rude pour le jeune candidat dans ce fief historique de la gauche. Lors des dernières européennes, la liste RN de Jordan Bardella n’a recueilli que 18,57% des suffrages à Roubaix, loin derrière les 42,84% de la liste de Manon Aubry (LFI). La ville avait défrayé la chronique en 2022 avec un reportage choc de M6 sur l’influence du salafisme dans certains quartiers.
À 21 ans, Ethan Leys incarne ce renouvellement générationnel voulu par Marine Le Pen, qui mise sur des candidats jeunes et dynamiques pour donner un nouveau visage à son parti. Mais le pari est risqué, surtout dans des territoires a priori peu réceptifs aux thèses du RN.
Au-delà du cas particulier d’Ethan Leys, cette affaire pose la question de la violence du débat politique sur les réseaux sociaux et de ses conséquences bien réelles. Quel candidat, quel citoyen peut accepter de voir ainsi son intégrité physique menacée en raison de ses idées ? La politique doit rester un combat d’idées, pas une foire d’empoigne virtuelle aux conséquences potentiellement dramatiques.
