Les relations entre la Corée du Sud et le Japon restent tendues en raison de leur douloureux passé colonial. Selon une source diplomatique, Séoul a annoncé qu’elle ne participerait pas à la cérémonie commémorative organisée dimanche sur l’île japonaise de Sado en l’honneur des victimes du travail forcé pendant la guerre, dont de nombreux Coréens.
Cette absence met en lumière les divergences persistantes entre les deux voisins asiatiques concernant les pages sombres de l’occupation japonaise de la péninsule coréenne entre 1910 et 1945. L’esclavage sexuel et le travail forcé demeurent des points de friction majeurs.
Un site minier controversé inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO
Le contentieux s’est ravivé en juillet dernier lorsqu’un réseau de mines sur l’île de Sado, connu pour avoir eu recours à de la main-d’œuvre forcée pendant la guerre, a été ajouté à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La Corée du Sud avait donné son feu vert sous certaines conditions, notamment l’organisation annuelle d’une cérémonie commémorative par le Japon.
Cependant, à quelques jours de la première édition prévue le 24 novembre, Séoul a fait marche arrière. Un communiqué du ministère sud-coréen des Affaires étrangères évoque un manque de temps pour concilier les positions divergentes des deux pays et parvenir à un accord mutuellement acceptable.
Des tentatives de réconciliation mises à mal
Cette décision contraste avec les efforts récents du président sud-coréen sortant, Yoon Suk Yeol, pour apaiser les tensions historiques avec l’ancienne puissance coloniale face à la menace grandissante de la Corée du Nord. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, il a cherché à tourner la page sur ce passé douloureux.
Pourtant, les plaies restent vives. Selon Séoul, environ 780 000 Coréens auraient été soumis au travail forcé pendant les 35 années de domination japonaise. Les historiens s’accordent à dire que les conditions de recrutement dans les mines s’apparentaient à du travail forcé et que les travailleurs coréens étaient soumis à un traitement bien plus rude que leurs homologues japonais.
Un lourd héritage qui pèse sur les relations bilatérales
Si le Japon a reconnu et présenté ses excuses pour les exactions commises durant la colonisation, de nombreux Coréens estiment que Tokyo n’est pas allé assez loin dans la repentance et la compensation des victimes. De son côté, le Japon considère que les questions liées à cette sombre période ont été réglées par le traité de 1965 normalisant leurs relations diplomatiques.
Les blessures du passé colonial continuent de hanter les relations entre la Corée du Sud et le Japon, rendant chaque geste, chaque commémoration, sujets à controverse.
– Un historien spécialiste des relations nippo-coréennes
Malgré des tentatives de rapprochement, force est de constater que le chemin vers une réconciliation sincère et durable entre les deux nations reste semé d’embûches. Le poids de l’histoire continue de peser lourdement sur leur présent et leur avenir commun.
L’absence de la Corée du Sud à la cérémonie de Sado symbolise la complexité et la fragilité du processus de normalisation des relations nippo-coréennes. Tant que les blessures du passé ne seront pas apaisées, chaque initiative, même animée des meilleures intentions, risque de raviver les tensions et les incompréhensions mutuelles.
Pour espérer construire un partenariat solide et tourné vers l’avenir, le Japon et la Corée du Sud devront faire preuve de patience, d’empathie et de volonté politique. Un travail de mémoire approfondi, impliquant les sociétés civiles des deux pays, apparaît indispensable pour panser les plaies et bâtir des ponts durables entre ces deux nations voisines mais encore si éloignées par l’Histoire.