Face à un environnement sécuritaire de plus en plus complexe, le Japon et l’Union européenne s’apprêtent à franchir une nouvelle étape dans leur partenariat stratégique. Selon des sources proches du dossier, les deux parties devraient annoncer ce vendredi un accord de coopération renforcée dans les domaines de la défense et de la sécurité.
Un contexte géopolitique tendu en Asie-Pacifique
Cette initiative intervient alors que le Japon et l’UE font face à des défis sécuritaires croissants dans la région indo-pacifique. Tokyo s’inquiète notamment de la montée en puissance militaire de la Chine, qui multiplie les démonstrations de force autour de territoires disputés et n’exclut pas une action armée contre Taïwan.
La Corée du Nord suscite également de vives préoccupations avec ses programmes balistiques et nucléaires. Le récent tir d’un missile intercontinental à combustible solide par Pyongyang, à quelques jours de l’élection présidentielle américaine, illustre la volatilité de la situation.
Exercices militaires conjoints et coopération industrielle au programme
D’après les éléments qui ont filtré dans la presse nippone, le nouveau partenariat Japon-UE devrait se traduire par une intensification des exercices militaires conjoints ainsi qu’un renforcement des liens dans le secteur de l’industrie de défense. Il couvrirait un large spectre de domaines tels que :
- La sécurité maritime
- L’espace
- La cybersécurité
- Les menaces hybrides, y compris la désinformation et l’ingérence étrangère
Tokyo, qui consacre des moyens croissants à sa défense avec l’objectif de porter ses dépenses militaires à 2% du PIB d’ici 2027, mise sur une diversification de ses partenariats. Le Japon développe ainsi un nouvel avion de combat avec l’Italie et le Royaume-Uni.
“L’Ukraine d’aujourd’hui pourrait être l’Asie de l’Est de demain”
La sécurité en Asie-Pacifique est devenue “indissociable de celle de l’Europe et de l’Atlantique” aux yeux des dirigeants japonais et européens. Une source gouvernementale a résumé cet enjeu en déclarant : “L’Ukraine d’aujourd’hui pourrait être l’Asie de l’Est de demain” si la Chine venait à s’en prendre à Taïwan.
Certains responsables japonais évoquent même l’idée d’une “OTAN asiatique” dotée d’un principe de défense collective face à Pékin. Une perspective cependant loin de faire l’unanimité dans la région au vu des équilibres géopolitiques délicats à préserver.
L’Europe déterminée à peser dans l’Indo-Pacifique
Du côté européen, ce nouvel accord s’inscrit dans une volonté affirmée ces dernières années de jouer un rôle plus actif dans la région indo-pacifique. Comme l’a souligné le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell, sa visite au Japon puis en Corée du Sud marque “une étape-clé des efforts déployés ces cinq dernières années pour renforcer l’engagement” européen.
Malgré la priorité donnée à la crise ukrainienne et aux relations transatlantiques, l’UE entend ne pas se désintéresser des enjeux asiatiques. Une présence jugée essentielle au regard du poids économique de la zone et des intérêts stratégiques à long terme du Vieux Continent.
Le nouveau partenariat Japon-UE se veut donc une pièce maîtresse de cet engagement européen renforcé. Il vise à contribuer à la stabilité régionale dans un contexte géopolitique aussi incertain que porteur de risques. Un défi titanesque qui nécessitera une coordination et une volonté politique sans faille de la part de Tokyo et de ses partenaires européens.