Alors que les tensions s’intensifient entre Israël et le Hezbollah libanais, il est légitime de s’interroger sur les capacités militaires réelles du « Parti de Dieu ». Souvent sous-estimé, le mouvement chiite dispose en réalité d’un arsenal conséquent, en grande partie fourni par son allié iranien. Des drones aux missiles en passant par d’imposants stocks de roquettes, retour sur une force qui inquiète sérieusement l’État hébreu.
Une armée dans l’ombre équipée par l’Iran
Si la branche politique du Hezbollah participe au gouvernement libanais, sa branche armée agit dans l’ombre. Forte de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, elle est considérée comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne. Mais c’est surtout son armement qui fait d’elle une épine dans le pied d’Israël.
Téhéran est en effet le principal fournisseur et soutien du Hezbollah. Profitant de la porosité de la frontière syro-libanaise, les Gardiens de la Révolution déploient des efforts considérables pour équiper leurs protégés du Parti de Dieu. Selon des experts militaires, l’arsenal de la milice chiite comprendrait :
- Des drones de reconnaissance et drones kamikazes iraniens
- Des roquettes Katioucha d’origine soviétique (portée de 20 à 40 km)
- Des missiles antichars comme le RedOne russe, le Kornet ou le Towsan-1 iranien
- Des missiles sol-sol de précision comme le Fateh-110 iranien (portée 300km)
Un arsenal capable de frapper tout le territoire israélien
La crainte principale d’Israël réside dans les missiles guidés de haute précision fournis par l’Iran. Le Fateh-110 et ses dérivés pourraient ainsi atteindre n’importe quel point du territoire de l’État hébreu. Les analystes estiment que le Hezbollah disposerait de plusieurs centaines de ces engins.
Les roquettes d’artillerie de type Katioucha, elles, représentent une menace pour le nord d’Israël. Facilement dissimulables et utilisables, elles pourraient être tirées par centaines sur les villes et villages frontaliers. Lors du dernier conflit majeur en 2006, ces tirs avaient provoqué la fuite d’un million d’Israéliens.
Le Hezbollah est devenu au fil des ans une véritable armée conventionnelle, au point de posséder plus de roquettes que bien des pays européens.
– Un diplomate européen en poste à Beyrouth
Drones iraniens : une nouvelle arme psychologique
L’arrivée des drones iraniens dans l’arsenal du Hezbollah inquiète particulièrement Israël. Pouvant être armés ou servir à la reconnaissance, ces engins pilotables à distance sont difficiles à repérer et intercepter. Leur petit gabarit leur permet aussi d’échapper aux radars.
Téhéran a fourni à son allié libanais ses drones les plus avancés, comme le Shahed-129 ou le Mohajer-6. Utilisés pour la surveillance du territoire israélien, ils provoquent un sentiment d’insécurité permanent. Des drones kamikazes, aussi appelés « munitions rôdeuses », seraient également aux mains du Hezbollah.
Une puissance de feu inquiétante mais des failles persistantes
Si l’arsenal militaire du Hezbollah est indéniablement impressionnant, des faiblesses demeurent. En premier lieu, la milice ne possède pas d’aviation ni de véritable défense antiaérienne. Elle reste donc vulnérable aux frappes des avions et drones israéliens.
Ensuite, malgré une aide iranienne conséquente, le Hezbollah ne peut se mesurer à la puissance de feu de Tsahal. Ses brigades ne totalisent que quelques centaines de véhicules blindés et une poignée de tanks vieillissants, sans commune mesure avec les milliers de blindés israéliens dernier cri.
Enfin, Israël dispose de systèmes antimissiles parmi les plus avancés au monde, comme le Dôme de Fer ou le Fronde de David. S’ils ne peuvent intercepter la totalité des roquettes, ils limitent drastiquement leur potentiel de nuisance.
Un rapport de force toujours en faveur d’Israël
Malgré un arsenal non-négligeable, le Hezbollah ne fait pas le poids militairement face à Israël. L’aviation, les blindés et la supériorité technologique donnent un avantage certain à Tsahal en cas de confrontation directe.
Mais la principale force du Parti de Dieu réside dans sa capacité à frapper le territoire israélien et sa population civile. Avec ses roquettes et ses drones, il peut infliger des dégâts significatifs et saper le moral de l’arrière. Une guerre d’usure que redoute Israël.
Pour l’heure, malgré les tensions, une escalade militaire d’envergure paraît peu probable. Le Hezbollah, affaibli par son engagement en Syrie, n’a pas intérêt à un nouveau conflit. Mais son arsenal demeure une épée de Damoclès au-dessus d’Israël. Et la moindre étincelle pourrait embraser un baril de poudre toujours plus instable.