Quelques heures seulement après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu mettant fin à deux mois de guerre ouverte au Liban entre l’armée israélienne et les forces du Hezbollah, le mouvement islamiste a proclamé haut et fort sa « victoire » sur Israël. Dans un communiqué diffusé mercredi soir, le Hezbollah a affirmé que « la victoire de Dieu tout-puissant a été l’alliée de la juste cause ».
Malgré cette déclaration triomphante, le Hezbollah a subi de lourdes pertes durant ce conflit meurtrier qui a embrasé le Liban pendant deux mois. L’armée israélienne a mené une campagne de bombardements massifs sur les fiefs du mouvement à travers le pays, suivie d’opérations terrestres dans le sud. Plusieurs hauts responsables du Hezbollah, dont son chef charismatique Hassan Nasrallah, ont été tués lors de ces frappes.
Un conflit régional aux lourdes conséquences
Le Hezbollah, allié de l’Iran, avait ouvert un front de « soutien » au Hamas contre Israël début octobre 2023, en réponse à une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en territoire israélien. Ce qui n’était au départ qu’un nouveau cycle de violences entre l’État hébreu et les groupes armés à Gaza s’est transformé en un conflit régional d’une rare intensité, impliquant directement le Liban.
Pendant des semaines, le sud du Liban a été le théâtre d’affrontements meurtriers entre l’armée israélienne et les combattants du Hezbollah. Les dégâts matériels et humains sont considérables des deux côtés de la frontière. De nombreuses infrastructures civiles libanaises, dont l’aéroport de Beyrouth, ont été endommagées ou détruites par les bombardements israéliens.
Un cessez-le-feu en demi-teinte
L’accord de trêve négocié sous l’égide de la communauté internationale prévoit un retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière israélienne, ainsi que le démantèlement de son infrastructure militaire dans le sud du Liban. L’armée israélienne dispose quant à elle de 60 jours pour se retirer progressivement du territoire libanais.
Si le président du Parlement libanais et allié du Hezbollah, Nabih Berri, a salué cet accord comme une « victoire » arrachée à Israël, de nombreux observateurs restent sceptiques. Le mouvement islamiste chiite ne semble pas prêt à déposer les armes, affirmant que ses combattants resteront « totalement prêts à faire face aux attaques de l’ennemi israélien ».
« Les forces de l’occupation israélienne n’ont pas réussi à réaliser leurs objectifs malgré tous leurs crimes et destructions au Liban. »
– Extrait du communiqué du Hezbollah
Le Hezbollah considère que l’armée israélienne a échoué dans ses tentatives « d’occuper et de s’installer dans des villes libanaises », « d’empêcher ses opérations militaires » et de « mettre en place une zone tampon » dans le sud du Liban. Le communiqué affirme que les combattants du Hezbollah ont ciblé Israël « jusqu’au dernier jour de l’agression ».
Un avenir incertain pour le Liban
Après deux mois de guerre, de destruction et de milliers de victimes civiles, l’entrée en vigueur de ce cessez-le-feu est accueillie avec soulagement par la population libanaise. Cependant, de nombreux défis attendent le pays des cèdres dans les mois à venir.
La reconstruction des zones dévastées par le conflit s’annonce longue et coûteuse, alors que le Liban traverse déjà une crise économique et politique majeure. Les tensions entre les différentes factions libanaises risquent de s’exacerber, sur fond de désaccords concernant le désarmement du Hezbollah et son rôle futur dans le pays.
La « victoire » proclamée par le mouvement chiite ne règle en rien les causes profondes du conflit avec Israël, dont le contentieux sur les frontières et les ressources naturelles. Sans un règlement politique global, le spectre d’une nouvelle escalade militaire continuera de planer sur la région.
Alors que la communauté internationale salue prudemment ce cessez-le-feu, beaucoup s’interrogent sur la capacité du Liban à se relever de ce énième conflit fratricide. Une paix durable nécessitera des efforts soutenus de toutes les parties, ainsi qu’un soutien massif sur les plans humanitaire, économique et diplomatique.
