Après une guerre dévastatrice avec Israël et contraint de se retirer du Sud-Liban, le Hezbollah est aujourd’hui soumis à une pression sans précédent selon de nombreux analystes. Cette organisation chiite pro-iranienne demeure cependant un acteur politique incontournable au Liban, même si des voix s’élèvent pour réclamer le démantèlement de son imposant arsenal militaire.
Un lourd tribut payé face à Israël
L’offensive lancée en septembre dernier par le Hezbollah contre Israël, pour soutenir le Hamas palestinien lors du conflit à Gaza, lui a coûté très cher. Les bombardements massifs israéliens ont tué le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah ainsi que plusieurs cadres. Le groupe a aussi perdu des centaines de combattants et vu ses capacités de communication et d’action largement entamées par des frappes ciblées.
La guerre a sans aucun doute affaibli le Hezbollah militairement, avec des pertes importantes au niveau de sa direction et une capacité opérationnelle réduite. Mais il n’a pas été vaincu.
Imad Salamey, chercheur à l’Université libano-américaine
Résistance acharnée dans le Sud
Malgré les pertes, les combattants du Hezbollah ont en effet opposé une résistance farouche à l’offensive terrestre israélienne déclenchée fin septembre dans le Sud-Liban. Une « victoire » célébrée par les partisans du mouvement dans ses bastions de la banlieue sud de Beyrouth et des villages du Sud.
Avenir en question
Mais le retrait du Hezbollah du Sud-Liban, imposé par l’accord de cessez-le-feu, soulève des interrogations sur son avenir. Cette zone frontalière avec Israël était en effet au cœur de sa « résistance » armée. Le texte de l’accord reprend la résolution de l’ONU ayant mis fin à la guerre de 2006 et prévoit un contrôle renforcé pour empêcher son réarmement.
Les termes du cessez-le-feu ouvrent la voie au démantèlement des capacités militaires du Hezbollah.
Lina Khatib, analyste au centre de réflexion Chatham House
Toujours incontournable politiquement
Pour autant, le Hezbollah reste un acteur politique majeur au Liban grâce à sa large base populaire au sein de la communauté chiite et son important réseau d’institutions. Et ce malgré les pressions de ses détracteurs.
Le parti pourrait d’ailleurs faire preuve de davantage de « flexibilité » dans certains dossiers, comme l’élection présidentielle prévue en janvier prochain. Son nouveau chef Naïm Qassem a ainsi promis une « contribution efficace » à ce scrutin crucial.
C’est la première fois depuis près de deux décennies que le Liban a une opportunité de se libérer de l’hégémonie du Hezbollah sur sa politique intérieure. Mais cela ne peut se produire qu’à travers un véritable dialogue national inclusif, soutenu par la communauté internationale.
Lina Khatib, Chatham House
Affaibli militairement mais toujours influent, le Hezbollah se trouve donc à la croisée des chemins. Son rôle futur dans l’échiquier libanais, notamment lors de la présidentielle, sera scruté de près par tous les acteurs.