Dans une prise de position virulente, le guide suprême iranien Ali Khamenei a estimé lundi que le mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu était « insuffisant ». Selon le dirigeant iranien, M. Netanyahu mériterait une « condamnation à mort » pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Cette déclaration choc intervient dans un contexte de tensions exacerbées au Moyen-Orient, avec une escalade militaire entre Israël et des groupes armés palestiniens et libanais. La CPI a émis jeudi des mandats d’arrêt contre M. Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, pour leur rôle présumé dans des exactions.
Une condamnation symbolique qui limite les déplacements
Si les mandats d’arrêt de la CPI sont avant tout symboliques, ils n’en limitent pas moins en théorie les déplacements des personnes visées. Les 124 États membres de la Cour sont en effet censés arrêter MM. Netanyahu et Gallant en vue d’un possible procès s’ils entrent sur leur territoire.
Mais pour l’ayatollah Khamenei, dont le pays ne reconnaît pas l’État d’Israël, cette mesure est loin d’être suffisante face à la gravité des crimes reprochés :
Une condamnation à mort doit être prononcée pour ces dirigeants criminels
a-t-il martelé lors d’un discours à Téhéran.
Une peine capitale que la CPI, basée à La Haye, ne peut toutefois pas prononcer, ses juges étant limités à des peines de prison.
L’Iran, soutien des groupes anti-israéliens
Au pouvoir depuis 1989, Ali Khamenei s’exprimait devant un rassemblement des Bassidj, un corps de volontaires islamistes pouvant agir comme supplétifs des forces de l’ordre en Iran. Son discours reflète la position intransigeante de la République islamique, qui fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis 1979.
Téhéran apporte un appui militaire et financier conséquent à plusieurs groupes hostiles à Israël :
- Le Hamas à Gaza
- Le Hezbollah au Liban
- Les rebelles houthis au Yémen
- Des milices armées en Irak
Ces derniers mois, le Hamas et le Hezbollah ont intensifié leurs actions contre l’État hébreu. Israël mène depuis fin septembre une campagne de bombardements massifs contre les positions du Hezbollah au Liban. Il a également lancé une offensive militaire de grande ampleur à Gaza en représailles à une attaque sans précédent du Hamas sur son territoire le 7 octobre 2023.
Khamenei dénonce les « idiots » qui bombardent
Faisant référence aux opérations israéliennes, Ali Khamenei a fustigé avec virulence « ces idiots » qui pensent être « victorieux » en bombardant « maisons, hôpitaux et rassemblements ». Une escalade verbale qui risque d’attiser encore davantage les braises d’un conflit régional qui ne cesse de s’envenimer.
Alors que certains espéraient que les mandats d’arrêt de la CPI pourraient amorcer un processus de justice et d’apaisement, les propos du guide suprême iranien laissent présager d’une aggravation des tensions. Dans ce bras de fer sans fin, la voix de la diplomatie peine à se faire entendre, étouffée par le fracas des armes et le jusqu’au-boutisme des différents protagonistes.