C’est une page qui se tourne dans l’histoire de la presse britannique. The Guardian, célèbre quotidien de référence, a annoncé vendredi un accord en vue de la cession de The Observer, plus ancien journal dominical au monde, qu’il détenait depuis plus de trois décennies.
The Observer change de mains après 30 ans
Selon un communiqué du Guardian Media Group (GMG), maison mère du quotidien The Guardian, les conseils d’administration du groupe et de son propriétaire, le Scott Trust, ont approuvé le principe de la vente de l’Observer à Tortoise Media, un site d’actualité fondé en 2019. Une décision qui intervient malgré une grève du personnel cette semaine pour protester contre cette cession.
Fondé en 1791, The Observer est le plus ancien journal dominical au monde encore en activité. Il a été racheté par The Guardian en 1993, permettant sa survie face aux difficultés financières. Mais après plus de 30 ans sous le giron du Guardian, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour ce titre historique de la presse d’outre-Manche.
L’avenir de The Observer en question
Si l’accord de cession a été approuvé « en principe » par les instances dirigeantes du GMG, les détails financiers de la transaction n’ont pas été dévoilés. De même, la question de l’avenir de la rédaction et des employés de The Observer reste en suspens.
La décision de vendre ce fleuron de la presse dominicale a suscité l’opposition des journalistes du titre, qui se sont mis en grève en début de semaine. Ils craignent notamment des suppressions de postes et une perte d’indépendance éditoriale, The Observer étant réputé pour sa ligne centre-gauche.
Un repreneur inattendu
Le choix de Tortoise Media comme repreneur a aussi surpris. Lancé il y a 4 ans comme un média « slow news » par d’anciens journalistes de la BBC et du Times, ce site mise sur un modèle basé sur l’abonnement et les contributions des lecteurs. Avec ce rachat, il s’offre un titre prestigieux mais devra démontrer sa capacité à pérenniser le journal.
The Guardian a joué un rôle vital en sécurisant l’avenir de The Observer et nous sommes fiers de notre propriété et de notre tutelle.
Katharine Viner et Keith Underwood, Guardian Media Group
Quel futur pour la presse dominicale ?
Au-delà du cas de The Observer, cette vente questionne sur la santé de la presse dominicale au Royaume-Uni. Comme ailleurs, les journaux souffrent d’une érosion des ventes papier et peinent à trouver un modèle économique viable pour leurs éditions du dimanche, malgré quelques succès comme le Sunday Times.
Dans un paysage médiatique en pleine mutation, dominé par le numérique, quelle place pour ces titres historiques ? Certains misent sur des formules plus « magazine », quand d’autres investissent le web. Une chose est sûre : la survie du plus vieux journal dominical est plus que jamais un symbole des défis qui attendent la presse outre-Manche.