Un véritable bras de fer diplomatique s’est engagé entre les États-Unis et le Groenland suite à la proposition du président élu Donald Trump de « prendre le contrôle » de ce vaste territoire arctique actuellement sous souveraineté danoise. Mais le gouvernement groenlandais, déterminé à tracer sa propre voie, a opposé une fin de non-recevoir à cette offre controversée.
Le Groenland réaffirme son droit à l’autodétermination
Face à la pression de Washington, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a tenu à rappeler, lors d’un entretien téléphonique de 45 minutes avec Donald Trump, que l’avenir du Groenland appartenait avant tout à son peuple. Elle a relayé la position ferme du Premier ministre groenlandais Mute Egede :
Le Groenland n’est pas à vendre. C’est à ce territoire de décider lui-même de son indépendance.
Mute Egede, Premier ministre du Groenland
Une manière claire de réaffirmer le droit inaliénable des Groenlandais à l’autodétermination, alors que ce territoire de plus de 2 millions de km² cherche à obtenir son indépendance vis-à-vis du Danemark. Les propos de Trump sur une éventuelle « intervention militaire » pour s’emparer du Groenland ont suscité l’inquiétude et l’indignation.
Un dialogue ouvert malgré les tensions
Si les déclarations agressives de l’administration Trump ont jeté un froid, le Groenland ne ferme pas pour autant la porte au dialogue avec les États-Unis. Le Premier ministre Mute Egede a ainsi indiqué que son pays n’était pas contre un renforcement des liens avec Washington :
Nous devons faire des affaires avec les États-Unis. Nous avons commencé à entamer un dialogue et à rechercher des possibilités de coopération avec M. Trump.
Mute Egede, Premier ministre du Groenland
De son côté, Mette Frederiksen a souligné lors de son échange avec le président élu « l’importance de renforcer la sécurité dans l’Arctique », se disant prête à ce que le Danemark « assume une responsabilité plus grande à cet égard ». Une manière d’apaiser les tensions, tout en protégeant les intérêts stratégiques de la région.
Les enjeux géopolitiques de l’Arctique
Car au-delà de la question de la souveraineté du Groenland, c’est bien le contrôle de l’Arctique et de ses immenses ressources qui se joue en toile de fond. Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, cette région suscite les convoitises des grandes puissances.
Sous ses épaisses calottes glaciaires, le Groenland abrite en effet de vastes réserves minières et pétrolières encore inexploitées. Des richesses qui aiguisent l’appétit non seulement des États-Unis, mais aussi de la Russie et de la Chine.
La mainmise sur le Groenland représenterait en outre un avantage stratégique considérable, avec la possibilité d’y établir des bases militaires. Les États-Unis y sont déjà présents via la base aérienne de Thulé, dans le nord-ouest de l’île, rappelait récemment le vice-président élu JD Vance.
Un avenir en suspens
Si le Groenland a clairement signifié son refus d’être « acheté » par les États-Unis, comme l’avait déjà tenté Donald Trump en 2019, l’avenir de ce territoire et la question de son indépendance restent en suspens. Les Groenlandais aspirent à tracer leur propre chemin, tout en nouant des partenariats économiques et stratégiques.
Un équilibre délicat à trouver pour ce petit peuple de 56 000 âmes, pris malgré lui dans le grand jeu géopolitique arctique. Le dialogue avec les États-Unis se poursuit, sur fond de rivalités et d’intérêts divergents. L’issue de ce bras de fer diplomatique autour du Groenland sera cruciale non seulement pour l’avenir de ce territoire, mais aussi pour le fragile équilibre des forces dans cette région hautement stratégique du globe.
