Le graphite, ce minerai aux multiples usages allant des crayons aux batteries de véhicules électriques, se retrouve au cœur d’une nouvelle guerre économique entre les deux géants que sont la Chine et les États-Unis. Un épisode supplémentaire dans la rivalité acharnée que se livrent Pékin et Washington pour la suprématie commerciale et technologique.
Le graphite, un composant clé des technologies vertes
Si le graphite est surtout connu du grand public pour son utilisation dans nos crayons de papier, il s’avère être un élément essentiel dans de nombreux domaines, notamment celui des batteries de véhicules électriques. Avec l’explosion du marché des voitures propres ces dernières années, la demande en graphite a littéralement bondi.
La Chine, qui détient un quasi-monopole sur la production et le raffinage du graphite naturel dans le monde, a bien compris l’importance stratégique de ce minerai. En décembre dernier, Pékin a imposé des restrictions sur les exportations de graphite destiné aux batteries, le considérant comme “hautement sensible”.
Washington riposte avec des droits de douane
Face à cette manœuvre, les États-Unis ont décidé de riposter en instaurant dès ce mois de juin des droits de douane de 25% sur les importations de graphite chinois. Le gouvernement américain souhaite ainsi forcer ses industriels à développer une chaîne d’approvisionnement locale en graphite, menaçant même d’interdire complètement ces importations d’ici quelques années.
Le graphite est devenu l’un des terrains d’affrontement de la guerre économique entre les deux superpuissances.
Le Figaro
Un bras de fer aux multiples enjeux
Au-delà des considérations économiques, le contrôle des matériaux stratégiques comme le graphite répond à des enjeux géopolitiques cruciaux :
- Sécuriser les approvisionnements pour les industries de pointe
- Réduire la dépendance vis-à-vis d’un rival
- Freiner le développement technologique de l’adversaire
Dans cette course effrénée à l’innovation, notamment dans les technologies vertes, la maîtrise des ressources minières fait figure d’atout maître. Et le graphite, bien que moins médiatisé que le lithium ou les terres rares, occupe une place centrale dans cet échiquier.
Les industriels pris entre deux feux
Pris en étau entre les mesures protectionnistes de part et d’autre du Pacifique, les industriels des batteries tentent tant bien que mal de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. Tesla a ainsi reporté ses projets d’usine de batteries en Allemagne pour se concentrer sur les États-Unis, où il pourra bénéficier de généreuses subventions.
Mais développer des capacités de production de graphite hors de Chine prendra du temps et coûtera cher. D’autant que Pékin a plusieurs longueurs d’avance, fort d’un savoir-faire unique et de coûts imbattables. La partie est loin d’être gagnée pour Washington dans cette bataille du graphite.