Ils étaient les grands absents du rebond post-Covid du tourisme en France. Mais les voyageurs chinois effectuent un retour progressif dans l’Hexagone, pour le plus grand bonheur des professionnels du secteur. Cependant, la donne a changé depuis la crise sanitaire. Analyse d’une reprise en demi-teinte, qui pousse l’industrie touristique française à se réinventer.
Un retour en pointillés des visiteurs chinois
Selon des estimations d’experts du tourisme, la fréquentation des voyageurs en provenance de Chine pourrait atteindre 70% de son niveau d’avant-crise d’ici fin 2024. Une bonne nouvelle, même si on reste loin des 2,2 millions de visiteurs chinois accueillis en France en 2019.
Plusieurs freins expliquent cette reprise en douceur. D’abord, la réouverture progressive des liaisons aériennes entre la Chine et l’Europe. Ensuite, les contraintes sanitaires qui persistent pour voyager hors de Chine. Enfin, l’évolution des attentes et habitudes des touristes eux-mêmes.
Vers un nouveau profil de visiteurs
Fini le temps des cars bondés déversant leur flot de voyageurs devant la tour Eiffel ou le château de Versailles. La tendance est désormais aux séjours plus intimistes, en petits groupes ou en individuel. Les touristes chinois veulent vivre des expériences authentiques et interagir avec les locaux.
Le shopping de luxe, longtemps une des motivations phares pour visiter Paris, passe au second plan. Place à la gastronomie, à l’art de vivre à la française, à la beauté des paysages. Les régions ont une carte à jouer pour attirer ces nouveaux visiteurs en quête d’authenticité.
Les touristes chinois post-Covid recherchent la qualité et le sens, plus que la quantité. Ils veulent vivre la destination plus que la consommer.
Dominique Visage, experte en stratégies touristiques
Des défis pour le secteur touristique français
Cette nouvelle donne oblige les acteurs de l’industrie à revoir leur copie. Hôtels, restaurants, sites culturels, guides… Tous doivent s’adapter aux attentes de cette clientèle 2.0. Formation du personnel, supports de communication repensés, offres sur-mesure… Un vaste chantier est en cours.
Certaines start-up se positionnent d’ailleurs sur ce créneau porteur. C’est le cas de FrenchyTrip, qui propose des expériences touristiques immersives taillées pour les millennials chinois. Au menu : dégustations de vins, cours de cuisine, balades insolites dans Paris… Le tout 100% personnalisable via une appli.
Un impact économique à nuancer
Si le retour, même partiel, des touristes chinois est une bouffée d’air pour le secteur, il faut relativiser son impact sur l’économie française. En 2019, ils ne représentaient “que” 2,5% des nuitées hôtelières totales. Leur panier moyen reste certes élevé, autour de 1 600€ par séjour. Mais il profite surtout aux grandes marques du luxe.
L’enjeu est donc d’élargir les retombées à l’ensemble des acteurs et des territoires. C’est tout le sens de la stratégie de promotion de la destination France que déploie Atout France en Chine. L’idée : capitaliser sur l’envie d’ailleurs et d’expériences inédites des Chinois pour les inciter à découvrir de nouvelles facettes de l’Hexagone.
Atout France mise beaucoup sur le tourisme affinitaire pour attirer les voyageurs chinois dans les régions. Œnologie, gastronomie, mode, art… Nous jouons la carte de nos savoir-faire d’excellence.
Bénédicte Clairvoy, responsable Asie chez Atout France
Le retour des touristes chinois en France est donc une réalité, mais avec des caractéristiques nouvelles. C’est tout un écosystème qui doit apprendre à répondre aux aspirations de ces globe-trotters nouvelle génération. Un défi stimulant pour rester la première destination touristique mondiale. Et si l’Empire du Milieu nous aidait à réenchanter l’Hexagone ?
