La France est en émoi. Après l’attaque au couteau dans le métro lyonnais et l’agression d’une enseignante en Maine-et-Loire, le constat est sans appel : les attaques à l’arme blanche sont de retour dans l’Hexagone. Un phénomène préoccupant analysé par le professeur Alain Bauer, expert en criminologie.
Le couteau, arme de prédilection des agresseurs
Couteaux, machettes, battes de baseball… L’arme blanche, définie comme “une arme dont l’action n’est due qu’à la force humaine”, semble être l’accessoire privilégié des délinquants. Facile à dissimuler et nécessitant peu de moyens, elle s’impose comme l’arme naturelle de protection des individus. Le surinage, technique consistant à donner des coups de couteau, serait même en passe de devenir un mode opératoire à la mode chez les agresseurs.
L’arme blanche est l’arme naturelle de protection des individus et le surinage, le fait de donner des coups de couteau, est l’élément qui a permis l’affirmation de la violence interpersonnelle.
Alain Bauer, professeur de criminologie
Lyon et Angers, derniers épisodes en date
Les attaques récentes dans le métro lyonnais, avec 4 blessés dont 2 graves, et l’agression d’une enseignante au couteau en Maine-et-Loire ne sont que les derniers exemples en date d’un phénomène inquiétant. Les agressions au couteau se multiplient sur le territoire, des grandes métropoles aux villes de taille moyenne.
Une tendance confirmée par les chiffres. Selon les données du ministère de l’Intérieur, les atteintes volontaires à l’intégrité physique impliquant des armes blanches ont bondi de 21% entre 2019 et 2022. Un constat alarmant qui soulève de nombreuses interrogations sur l’efficacité des politiques de prévention et de répression.
Alain Bauer : “Un phénomène ancien qui revient en force”
Pour Alain Bauer, professeur de criminologie et fin connaisseur des questions de sécurité, ce retour en force des attaques au couteau n’est pas vraiment une surprise. Il rappelle que les armes blanches ont toujours été très présentes dans la délinquance française, avant d’être supplantées par les armes à feu dans les années 1990-2000.
Ce n’est pas un phénomène nouveau, c’est un phénomène très ancien qui revient. Les armes blanches n’ont jamais disparu, elles étaient juste moins visibles pendant un temps. Aujourd’hui, elles reviennent sur le devant de la scène criminelle.
Alain Bauer, professeur de criminologie
Parmi les facteurs expliquant ce rebond, le criminologue cite la facilité d’accès et le faible coût de ces armes, mais aussi un effet de mode et d’imitation chez les délinquants. Sans oublier un certain relâchement dans la répression du port d’armes blanches ces dernières années.
Vers un durcissement de la législation ?
Face à cette résurgence des attaques au couteau, les autorités tentent de réagir. Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer un durcissement de la législation sur le port d’armes blanches, actuellement passible d’une simple contravention dans la plupart des cas.
Mais pour Alain Bauer, la réponse ne peut pas être uniquement répressive. Il plaide pour une approche globale combinant prévention, sanction et accompagnement des délinquants. Un vaste chantier qui nécessitera une mobilisation de tous les acteurs concernés, des forces de l’ordre à la justice en passant par les travailleurs sociaux.
En attendant, la menace des armes blanches continue de planer sur la France. Un retour aux sources de la violence qui inquiète et interroge sur l’évolution de notre société. Le défi est lancé pour endiguer cette vague avant qu’elle ne devienne incontrôlable.
