C’est un séisme politique qui a secoué la France ce dimanche soir. Après la victoire écrasante du Rassemblement national aux élections européennes avec plus de 31% des voix, Emmanuel Macron a annoncé à la surprise générale la dissolution de l’Assemblée nationale. Des législatives anticipées sont convoquées dès le 30 juin. Face à cette situation inédite, le député LFI François Ruffin lance un vibrant appel à l’union des forces de gauche.
Un « Front populaire » contre l’extrême droite
Déjà avant l’allocution présidentielle, François Ruffin avait pris les devants en interpellant les leaders de gauche. Sur TF1 puis BFMTV, l’élu de la Somme a martelé son message : « je dis à Marine Tondelier, Fabien Roussel, Olivier Faure, Jean-Luc Mélenchon : est-ce qu’on veut gagner ensemble ou perdre séparés ? ».
Pour Ruffin, l’heure est grave et la responsabilité historique. Face à la menace de l’extrême droite, il faut « une gauche unie », « une barrière commune, une barrière Front populaire ». Une référence symbolique à l’alliance des gauches qui avait permis de barrer la route aux ligues fascistes dans les années 1930.
L’histoire nous montre que la crise de 1929, elle a abouti au nazisme en Allemagne, mais elle a abouti au Front populaire en France.
François Ruffin
Les écologistes et le PS favorables, les Insoumis plus réticents
L’appel de François Ruffin a reçu un écho favorable chez les écologistes, laminés aux européennes avec à peine 5,5% des voix. Leur tête de liste Marie Toussaint avait elle aussi appelé à l’union dès dimanche soir.
Du côté du Parti socialiste, on se montre également ouvert à un « rassemblement » et un « front populaire contre l’extrême droite » selon les mots d’Olivier Faure ce lundi matin. Le PS sort renforcé du scrutin européen grâce à sa liste d’alliance avec Place Publique.
En revanche, Jean-Luc Mélenchon et LFI, qui n’ont récolté que 6,5% dimanche, apparaissent plus réticents. S’ils ne ferment pas la porte à des discussions, les Insoumis mettent des conditions sur le « programme » et la « clarté » d’une éventuelle alliance.
Recomposer la gauche en un mois, mission impossible ?
Reste que le temps presse avec des législatives programmées dans à peine un mois. Après l’échec cuisant de la Nupes en 2022 sur fond de désaccords et de polémiques, la gauche aborde ces négociations en ordre dispersé et avec de profondes divergences, notamment sur les questions internationales et européennes.
François Ruffin en est conscient mais veut croire à un sursaut salvateur face à « la deuxième raclée » qui selon lui attend la macronie : « ce soir, je viens dire à la gauche : “Unis, nous pouvons gagner” ». Réussir le pari d’une union express après des années de divisions, la gauche joue là une partie décisive pour son avenir.