Un vent de fronde souffle sur la ville qui ne dort jamais. Le gouvernement américain vient en effet d’ordonner l’arrêt du tout nouveau péage urbain de New York, pourtant instauré il y a seulement quelques mois. Cette décision inattendue marque une nouvelle intervention du président Donald Trump dans les affaires de sa ville natale, au nom de la « classe ouvrière ».
Un péage controversé dès son lancement
Depuis le 5 janvier, les automobilistes entrant dans Manhattan doivent s’acquitter d’un péage de 9 dollars, une mesure instaurée pour réduire la pollution et les embouteillages, tout en finançant la rénovation du métro new-yorkais. Mais ce dispositif, une première aux États-Unis, n’a pas fait l’unanimité.
Dès sa campagne, le président républicain avait exprimé son hostilité à ce projet. Aujourd’hui, son ministre des Transports, Sean Duffy, dénonce « une gifle au visage de la classe ouvrière américaine et des propriétaires de petites entreprises » dans un communiqué annonçant le retrait de l’autorisation fédérale.
Des arguments économiques et sociaux
Le ministre justifie cette décision par sa volonté de ne pas alourdir la charge financière des travailleurs américains dans leur vie quotidienne. Pour le président Trump, il s’agit ni plus ni moins d’avoir « sauvé » Manhattan et New York.
Cette intervention s’inscrit dans une série d’ingérences de l’administration Trump dans les affaires new-yorkaises. Quelques jours plus tôt, la Maison Blanche avait ordonné à la justice locale de classer une affaire de corruption visant le maire démocrate Eric Adams.
La riposte judiciaire s’organise
Face à ce revirement, les partisans du péage urbain promettent une bataille devant les tribunaux. La régie des transports new-yorkais (MTA), qui devait bénéficier des revenus de ce dispositif pour rénover son réseau vieillissant, a d’ores et déjà déposé des documents auprès d’un tribunal fédéral.
Il est déconcertant qu’après quatre ans et 4000 pages d’évaluation environnementale supervisée par le gouvernement fédéral, ce dernier prenne un virage à 180 degrés.
Janno Lieber, PDG de la MTA
La gouverneure démocrate de l’État de New York, Kathy Hochul, met quant à elle en avant les premiers résultats positifs de ce péage, avec une réduction des embouteillages permettant aux New-Yorkais « d’aller au travail plus vite que jamais ».
Un enjeu climatique et environnemental
Au-delà des questions de financement des transports, ce bras de fer juridico-politique met en lumière les profondes divergences sur les politiques environnementales. Pour les défenseurs du péage, il s’agissait d’un levier pour réduire la pollution de l’air dans une ville qui comptait près de 700 000 véhicules circulant chaque jour dans la zone concernée.
La volonté de Donald Trump de tuer le péage à New York est une nouvelle mesure irresponsable et illégale (…) qui s’inscrit dans sa volonté de démanteler les politiques climatiques.
Justin Balik, responsable de l’ONG Evergreen Action
Avec cette décision, le président climato-sceptique semble en effet privilégier le court terme économique au détriment des enjeux de long terme. Mais les écologistes new-yorkais n’ont pas dit leur dernier mot, bien décidés à porter cette bataille sur le terrain judiciaire pour préserver ce dispositif pionnier outre-Atlantique. La partie d’échecs ne fait que commencer entre la Grosse Pomme et Washington.
Quel avenir pour le péage urbain à New York ? Qui l’emportera dans ce bras de fer entre l’administration Trump et les autorités new-yorkaises ? Une chose est sûre, les prochains mois s’annoncent décisifs pour le futur de la ville et sa politique de lutte contre la pollution et les embouteillages.